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Un livre qui m'a retourné !

C'est suite à la chronique de Michel Polac sur France Inter dans l'émission "la partie continue" entre 18 et 19 h, que j'ai découvert ce livre. J'ai commencé ce livre en début de soirée et ne l'ai laché qu'au matin ...

Le Pianiste

L’extraordinaire destin d’un musicien juif dans le Ghetto de Varsovie, 1939-1945

de Wladyslaw Szpilman


Editions Robert Laffont

Traduit par Bernard Cohen

Le Pianiste sur Amazon.fr:

AMAZON.FR


Plus d’un demi-siècle après sa première publication en polonais,
la redécouverte d’un classique de la littérature de la Shoah.

Septembre 1939: Varsovie croule sous les bombes. Radio-Pologne est réduite au silence au moment même où les accords tragiques du «Nocturne en ut dièse mineur» de Chopin sont diffusés sur les ondes. L’interprète s’appelle Wladyslaw Szpilman; il est juif, mais se considère avant tout comme Polonais. Il est unanimement reconnu comme l’un des pianistes les plus prometteurs de la musique polonaise. Six ans plus tard, lorsque les émissions reprendront, ce sera avec le même morceau, interprété par le même pianiste.
Entre-temps, Szpilman aura tout vécu – et survécu à tout. Parqué dans le ghetto, il doit être déporté en août 1942 avec sa famille. Un policier qui apprécie ses talents musicaux le fait sortir des rangs et lui sauve la vie. À partir de ce moment, il vivra caché. Pendant deux ans et demi. Il survivra à la liquidation du ghetto, à l’écrasement de l’insurrection de Varsovie et à la destruction de la ville par les Allemands. Quand, gelé et affamé, il est à un pouce de la mort, apparaît le plus improbable des sauveteurs: un officier allemand, Wilm Hosenfeld, hanté par l’atrocité des crimes de son peuple, qui le prend sous sa protection, lui trouve une cachette et lui procure de la nourriture et une couverture. Plus tard, lorsque Szpilman cherchera à savoir ce qu’est devenu Hosenfeld, il apprendra que celui-ci est venu au secours de bien d’autres juifs, et qu’il est mort en tant que prisonnier dans un camps soviétique…
En 1946, Szpilman publie en polonais le récit incroyable de sa survie. On l’appelle alors «le Robinson Crusoé de Varsovie». Mais le livre est presque aussitôt proscrit par le régime communiste. Szpilman décidera alors de tirer un trait sur son passé : il deviendra directeur musical de la radio d’État polonaise, connaîtra une carrière internationale de concertiste et de compositeur. Plus de cinquante ans passeront avant que le monde redécouvre son histoire hallucinante, son récit à la fois sobre et émouvant, à l’occasion d’une édition en langue anglaise. Roman Polanski en a acquis les droits d’adaptation au cinéma.

Disponible: Amazon.fr

Le Pianiste a été élu Meilleur livre de l'année 2001 (no 1) par la rédaction du magazine "Lire"


Wladyslaw Szpilman - Le Pianiste de Varsovie

25. 09. 2011 11.00 Radio Pologne - "Wladyslaw Szpilman Studio"


Mme Dr. Halina Szpilman - Paris 2008






Wladyslaw Szpilman - F. Chopin

Nocturne op. 20 posthume C sharp minor (1998) ©1998 by Andrzej Szpilman

Wladyslaw Szpilman - Piano Aleksander Ciechanski - Cello, Frederic Chopin Grand Duo in E major on themes from Meyerbeer's Robert le diable





Wladyslaw Szpilman Songs


Théâtre des Bouffes du Nord

Ne manquez pas Le Pianiste!
le 26.02.07 - www.lemondedelamusique.com

Robin Renucci et Mikhaïl Rudy (Photo : DR)
Vous avez aimé le film de Roman Polanski Le Pianiste ? Vous avez dévoré dans la foulée le magnifique récit de Wladyslaw Szpilman qui l’a inspiré (Editions Robert Laffont) ? Courez alors aux Bouffes du Nord, où le comédien Robin Renucci et le pianiste Mikhaïl Rudy reprennent la version scénique de cette histoire exemplaire, qu’ils ont fait triompher en 2005 à travers toute la France. Le cadre magnifique et décati, le grand espace peuplé d’ombres du théâtre de Peter Brook ajoute à l’étrangeté de cet échange virtuose de mots et de musique, à ce numéro de haute école consistant à frôler la sensiblerie sans jamais y tomber.

Le Pianiste, de Wladyslaw Szpilman, musique de Frédéric Chopin, Wladyslaw Szpilman. Mise en scène de Cécile Guillemot. Avec Robin Renucci et Mikhaïl Rudy (Nicolas Stavy du 13 au 17 mars).

Théâtre des Bouffes du Nord

37 bis boulevard de la Chapelle, 75010 Paris, jusqu’au 17 mars. Tous les soirs à 21h, sauf dimanche et lundi, matinée samedi à 15h30. www.bouffesdunord.com



Little Ouverture par Wladyslaw Szpilman (1968)


    

"Grand Prix Littéraire des Lectrices de ELLE" 2002 pour "Le Pianiste"

ELLE 20 Mai 2002

C´est une premiére: pour sa 33e année le Grand Prix des Lectrises de ELLE a couronné trois lauréats. Dans le sublime salon Président de l´hotel Lutétia, trois auteurs étaient á l´honneur. Dans la catégorie "roman" c´est Isabelle Houser avec "La Table des enfants" qui l´a emporté "Pars vite et reviens tard" (éd Viviane Hamy) de Fred Vargas a fait l´unanimité coté polar. Andrzej Szpilman , venu d´Allemagne pur représenter son pére Wladyslaw, disparu en juillet 2000, a raconté avec beaucoup de pudeur la genése du "Pianiste" (éd. Robert Laffont), publié une premiére fois en 1946, puis censuré par les autorités communiste polonaises. Lundi dernier, ELLE était trés fier de participer á la résurrection de ce récit exceptionnel de l´insurrection du Ghetto de Varsovie, dont Roman Polanski a présenté ládaptation au Festival de Cannes. A la joie se mélait l´émotion.

ISABELLE LORTHOLARY


Ce sont les mémoires, presque un journal, d'un pianiste polonais qui a vécu le ghetto de Varsovie et la destruction de la capitale. Il a aujourd'hui près de 90 ans et vit à Varsovie. Ce livre, écrit juste après la guerre, a été publié en Pologne à l'époque. Il évoque des faits historiques que le régime communiste préférait oublier et il n'a jamais été republié. Il y a un an, le fils de Wladyslaw Szpilman, qui vit en Allemagne, a découvert ce texte. Il n'en avait jamais discuté avec son père. On ne revenait pas sur ça. Pendant très longtemps, moi aussi, je parlais peu, voire pas du tout, de cette période. Le livre a donc été publié en Allemagne, et il a eu un énorme succès, public et critique. Il a tout de suite été repris par les Anglais et, il y a quelques mois, il a été édité aux États-Unis. En France, il sortira chez Laffont en décembre. Ce livre se lit comme un vrai thriller et, bien qu'il retrace une période noire de l'histoire, il est plein de forces positives et d'optimisme.

(Roman Polanski)


Wladyslaw Szpilman: Concertino composed in Warsaw Getto in 1940

Polish Radio Orchestra Dir. Stefan Rachon (Rec. 1972)

Music Published by Boosey & Hawkes

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Wladyslaw Szpilman - plays Sergei Rachmaninovs "Rhapsody on a theme by Paganini"

Warsaw National Philharmonic Orchestra Dir. Witold Rowicki

Live Recording Warsaw/Poland 1956



"The Pianist" Movie by Roman Polanski based on the book by Wladyslaw Szpilman

Trailer:

Oscar - Roman Polanski



C'est en 1998 que sont parus les souvenirs de Varsovie des années 1939-45 de Wladyslaw Szpilman sous le titre Le Pianiste, tout d'abord en Allemagne. Mais rapidement, des éditeurs de tous les continents ont pris la suite, convaincus de la nécessité de rendre accessible à un large public ce document exceptionnel sur la Shoah. Grâce au film de Roman Polanski (The Pianist, 2002), qui a reçu tous les prix internationaux importants - dont trois oscars -, l'histoire authentique de ce musicien polonais d'origine juive a atteint des millions de spectateurs. Le titre original du livre de Szpilman, paru pour la première fois en Pologne dès 1946 et racontant sa survie pendant la seconde guerre mondiale à Varsovie sous l'occupation allemande, était La mort d'une ville. Il l'a rédigé juste après la guerre, encore sous le coup de la souffrance vécue et y rapporte l'enfer du ghetto, la déportation de sa famille au camp d'extermination de Treblinka à laquelle il échappa de justesse : quelqu'un, ayant reconnu le musicien célèbre et admiré, l'a soustrait à la foule vouée à la mort, lors du chargement du convoi, dans l'enceinte de transit à Varsovie. Il y témoigne aussi de la solidarité d'amis polonais qui l'ont hébergé après sa fuite du ghetto, ont risqué leur vie pour lui procurer des cachettes, jusqu'à ce qu'il fut découvert peu avant la fin de la guerre par Wilm Hosenfeld, un officier de la Wehrmacht qui lui sauva la vie, alors qu'il mourait de faim dans Varsovie presque totalement détruite. Le livre de Szpilman fut victime de la censure des nouveaux dirigeants communistes car il était tout sauf politiquement correct. Après les horreurs de l'holocauste, il était aussi inacceptable de nommer un officier allemand comme sauveur que des Polonais et des Ukrainiens comme collaborateurs dans l'extermination des juifs polonais. C'est ainsi qu'il fallut un demi-siècle avant qu'à l'initiative du fils de Szpilman, Andrzej, ce livre soit reconnu pour l'importance historique qui lui revenait dès le départ.

Cependant, derrière le livre et le film, disparaît la véritable personnalité de Wladyslaw Szpilman qui fut bien plus qu'un beau jeune homme plein de charme, pianiste à la Radio polonaise, dans les années trente du siècle dernier. Il est temps que justice soit rendue à l'action artistique de cet Orphée polonais que l'on chercherait en vain dans les dictionnaires spécialisés, alors qu'il a marqué la vie musicale de son pays pendant des décennies. Voici donc un hommage à son œuvre compositionnelle, du moins à la partie subsistante qui, à l'exception du Concertino et de la Petite Ouverture, est présentée ici en premiers enregistrements mondiaux. Outre son œuvre de pianiste, qui commence depuis peu à être disponible en disque, ses compositions témoignent de la diversité d'un talent dont le champ d'action créatif fut limité à son pays, de son vivant, à cause de la conjoncture politique.

Né en 1911 à Sosnowiec, Szpilman a reçu tout d'abord sa formation musicale à l'Académie Chopin de Varsovie où il a étudié le piano avec les élèves de Liszt Joseph Smidowicz et Alexander Michalowski. Comme tant d'autres musiciens polonais, il fut attiré ensuite par Berlin où il s'est perfectionné auprès de Leonid Kreutzer et Artur Schnabel ; en tant que compositeur, il fut en apprentissage dans la classe renommée de Franz Schreker. En 1933, il rentra en Pologne où il commença une brillante carrière de soliste tout en donnant des concerts comme partenaire de musique de chambre de violonistes aussi célèbres que Henryk Szeryng, Roman Totenberg, Ida Händel et Bronislaw Gimpel. En 1935, il devint le pianiste officiel de la Radio polonaise. C'est dans cette fonction qu'il donnait un récital Chopin, le 23 septembre 1939 lors de la dernière émission en direct de la radio, comprenant, entre autres, le Nocturne en do dièse mineur qu'il devait jouer plus tard à son sauveur Wilm Hosenfeld et avec lequel il fit redémarrer les émissions de l'antenne de Varsovie en 1945. Après la guerre, Szpilman a apporté une contribution majeure au rétablissement de la vie musicale polonaise, il a dirigé le département de musique de la Radio polonaise jusqu'en 1963. En 1961, il a fondé le premier festival polonais de musique populaire Musique sans frontières de Sopot. Après les expériences traumatisantes de la guerre, il ne put reprendre sa carrière de soliste concertiste, n'étant plus en mesure d'en supporter la tension nerveuse. Mais il enregistra d'innombrables programmes en solo pour la radio (parmi lesquels de nombreuses créations) et continua à donner des concerts de musique de chambre, essentiellement avec son ami le violoniste Bronislaw Gimpel avec lequel il fonda en 1963 le légendaire « Quintette de Varsovie ». Cette formation de musique de chambre, alors unique au monde, se produisit jusqu'en 1986 lors de centaines de tournées de concerts dans le monde entier.

Au delà de ceci, la grande passion de Szpilman allait à la composition ; il est donc plus que regrettable, connaissant les quelques œuvres conservées, que la plus grande part de ses œuvres d'avant guerre ait été perdue lors de la destruction de Varsovie, entre autres un Concerto pour violon qui avait été interprété par Roman Totenberg, Bronislaw Gimpel et Konrad Winawer. Peut-être qu'un jour, une copie réapparaîtra dans une succession ou des archives, comme ce fut le cas pour la suite pour piano - La vie des machines, écrite en 1933 à Berlin, dont une copie fut retrouvée après la mort de Szpilman, en été 2002, dans la succession de Jakob Gimpel, le frère de Bronislaw Gimpel, à Los Angeles. Quant à Szpilman, il avait lui-même reconstitué de mémoire le dernier mouvement de cette suite, la Toccatina, comme d'ailleurs le Concertino, achevé au moment de la fermeture des portes du ghetto de Varsovie en 1940 (qu'il a enregistré en 1948 puis encore en 1968 avec l'Orchestre symphonique de la Radio polonaise sous la direction de Stefan Rachon) ainsi que la Valse dans le style ancien de 1936, restituée en 1968 et complétée par une nouvelle coda. De la vie musicale du ghetto, (quand des manifestations culturelles y étaient encore possibles) reste un témoignage touchant, une Mazurka dans le style de Chopin que Szpilman composa pour une revue. Elle devait vraisemblablement y servir d'ersatz au véritable Chopin, car les nazis avaient frappé sa musique - symbole sonore du combat de la Pologne pour son autonomie nationale et culturelle - d'un interdit d'exécution catégorique. Pour sa Paraphrase, Szpilman a écrit une série de variations jazz sur une chanson de sa composition datant d'avant guerre. Dans les Suites d'après des chansons d'enfant originales, quelques unes de ses plus belles chansons d'enfants, publiées dans les années cinquante, ont été rassemblées en trois suites pour piano seul. Pour l'Introduction à un film, il a utilisé de la musique qu'il avait composée en 1957 pour une production cinématographique polonaise et tchèque (dans laquelle on pouvait voir d'ailleurs Roman Polanski dans un rôle secondaire). La Petite Ouverture a été écrite en 1968 sur commande de la Radio, alors que Scène de ballet, datant de la même année, a été conçu à l'origine comme musique de ballet pour un conte de Grimm puis exécuté comme pièce de concert autonome. Que ce soit la Valse dans le style ancien, ou le Concertino, la Paraphrase ou la Petite Ouverture, ces pièces n'ont été jouées qu'à la radio du vivant de Szpilman, jamais elles n'ont connu d'exécution publique. Le Concertino a été créé en public par le Jewish Symphony Orchestra avec le jeune soliste Arthur Abbadi sous la direction de Noren Green, le 29 avril 2001 à Los Angeles, à l'initiative du petit-fils d'Arnold Schoenberg, Randol Schoenberg. Quant à la Valse et à la Petite Ouverture, on a pu les entendre live pour la première fois lors d'un concert commémoratif dédié à Szpilman le 10 septembre 2002 à la Philharmonie de Varsovie sous la direction d'Antoni Wit.

Szpilman lui-même n'avait aucune ambition pour la diffusion de ses œuvres symphoniques qu'il considérait sans doute, malgré leur originalité, pour des œuvres de circonstance. Aucune d'entre elles n'a été publiée de son vivant, ce n'est qu'après sa mort qu'elles sont parues aux éditions Boosey & Hawkes. Szpilman, que la guerre avait empêché de composer, ne renoua pas après la guerre avec le langage du modernisme contemporain dont il pouvait encore se sentir un représentant avec sa suite pour piano La vie des machines de 1933. Cependant, loin de délaisser l'avant-garde, il s'est engagé pour elle dans sa fonction de directeur de la musique à la radio. Witold Lutowslawski, qui faisait partie du groupe des gens courageux qui avaient aidé Szpilman à survivre après son évasion du ghetto, fut un ami proche pendant toute sa vie. Il en va de même pour la compositrice polonaise la plus importante du XXème siècle, Grazyna Bacewicz, dont il créa les œuvres. Il est possible que Szpilman, à côté de ses tâches très diversifiées dans la vie musicale d'après-guerre, se soit contenté de son immense succès dans le genre de la variété, un domaine où il a été sans concurrence pendant des décennies : Szpilman a composé avec une grande facilité environ 500 chansons dans les styles les plus divers, dont beaucoup sont encore aujourd'hui des classiques, 150 d'entre elles entrèrent au hitparade polonais. Avec l'album Wendy Lands chante la musique de Wladyslaw Szpilman, enregistré en 2002 à Los Angeles, des chansons polonaises étaient produites pour la première fois aux Etats Unis avec de nouveaux arrangements et des nouvelles paroles. Le rôle de Szpilman pour la musique populaire polonaise doit être compris surtout dans le contexte politique de l'ère stalinienne. Il l'a cultivée et propagée selon le modèle occidental, surtout américain et français - donc « bourgeois, décadent » - à l'encontre des pressions esthétiques du réalisme socialiste et a contribué par là de manière essentielle à l'autonomie de la culture populaire de la Pologne face aux préceptes imposés par Moscou. C'est ainsi d'ailleurs que Wojciech Kilar, l'auteur de la musique de film pour The Pianist lui a rendu hommage : « Tout diplômé de conservatoire supérieur est capable de composer une symphonie qui sera peut-être même jouée une fois. En revanche, pour écrire une mélodie qui soit chantée et jouée par des centaines d'interprètes, il faut vraiment être né pour ça, si possible en Amérique. Wladyslaw Szpilman, notre Cole Porter, Gershwin, McCartney, pour notre bonheur (pas forcément pour le sien), est né en Pologne. »

Prises dans leur contexte biographique, les compositions pour orchestre de Szpilman qui nous sont parvenues ont quelque chose de dérangeant, car la gaîté et la joie de vivre qui s'y expriment, contredisent avec véhémence ce que l'on est habitué à entendre, voire à trouver acceptable comme musique dans le contexte de l'holocauste. On se demande comment il a pu travailler à son Concertino dans le ghetto alors qu'il était témoin quotidiennement des pires atrocités que des hommes puissent faire subir à d'autres. Mais on sait entre temps par nombre de compositeurs, musiciens, peintres et écrivains prisonniers des ghettos et camps de concentration des nazis que c'était justement leur art qui créait autour d'eux une oasis dans laquelle ils défendaient leur dignité humaine contre un système qui les privait de tous les droits de l'homme. Dans son introduction à l'édition de l'œuvre de Szpilman, Krystian Zimerman parle d'une « énergie positive » d'un « caractère presque de résurrection » dans la musique de Szpilman. On ressent en effet cette énergie dans les œuvres de Szpilman - comme d'ailleurs aussi dans son jeu au piano - une énergie qui ne paraît venir ni du ventre ni de l'intellect mais semble nourrie directement à la source de la vie. On a l'impression de sentir en elle cet élan vital qui l'a maintenu en vie durant toutes ces années d'angoisses mortelles et de privations physiques permanentes.

Mise à part la Suite pour piano de 1933, qui s'apparente au « style mécanique » répétitif d'Honegger, Antheil, Prokofiev ou Mossolow, toute la musique de Szpilman navigue entre les eaux de la musique savante et de la musique légère. Elle ne prétend surtout délivrer aucun message, dédaigne la grandiloquence, le geste emphatique. A l'ampleur épique elle préfère la concentration (avec sa durée de 12 minutes, le Concertino est la plus longue des œuvres conservées), à la profondeur de sentiments, la rupture par l'ironie. Szpilman aime le déguisement, jouer avec les idiomes qui peuvent, comme dans le Concertino, jaillir en scintillant comme dans un kaléidoscope. C'est un pianiste compositeur qui est à l'œuvre ici, évoquant avec un clin d'œil tour à tour les maîtres vénérés Chopin, Rachmaninoff et Ravel pour finir par s'avouer contemporain de Gershwin. Quant à la Scène de ballet, c'est en quelque sorte de la musique sur la musique : elle manie des figures de la musique de ballet qui paraissent familières sans être pourtant localisables sur le plan stylistique, comme si le Faune de Debussy s'était perdu dans le Sacre de Stravinsky. Comme son jeu au piano, la musique de Szpilman est fortement marquée par l'élément rythmique, l'impulsion de la danse y est omniprésente. Dans la Paraphrase, véritable recueil d'harmonie savante de jazz, Szpilman swingue dans le style du big band des années 40 alors que dans sa Valse dans le style ancien, il fait preuve d'un mimétisme virtuose. Comme l'a remarqué fort justement le journaliste musical américain Robert Everett-Green : « c'est une musique pour une salle de bal qui n'a existé qu'à Hollywood, du temps où les compositeurs juifs exilés Erich Korngold et Max Steiner y donnaient le ton ». Chacune de ces œuvres est un prototype à sa manière et montre dans combien de directions le talent compositionnel de Szpilman aurait pu se développer, s'il avait poursuivi sa carrière en exil en Amérique, comme tant de compositeurs persécutés en Europe en raison de leurs origines juives, au lieu de revenir en Pologne. Sans doute serait-il vraiment devenu un Gershwin polonais, titre qu'on aime tant à lui décerner.

© Frank Harders-Wuthenow (Traduction Catherine Fourcassié)



JOHN AXELROD


EWA KUPIEC / ANA MARIA MARTINEZ / SAMUEL PISAR


28/05/2008 20:00
 
Orchestre de Paris
Choeur de l'Orchestre de Paris
Maîtrise de Paris
John Axelrod : direction
Didier Bouture, Geoffroy Jourdain : chefs de choeur
Patrick Marco : chef de choeur
Ewa Kupiec : piano
Ana Maria Martinez : soprano
Samuel Pisar : récitant
 
Telech: PROGRAMME DU CONCERT
Ludwig van Beethoven
Ouverture d'Egmont
Wladyslaw Szpilmann
Concertino pour piano
Leonard Bernstein
Symphonie n° 3 "Kaddish"

Salle Pleyel

MP3:


le samedi, 12.08.2006 à 20:00

Konzerthaus Berlin
 

Krzysztof Penderecki Director

Tomasz Tomaszewski Violin
Junges Klangforum Mitte Europa (International)

Wladyslaw Szpilman – Overture for Symphony Orchestra, (1968)
Krzysztof Penderecki – Violin Concert0 (1976)
Ludwig van Beethoven – Symphonie Nr. 4 B-Dur op. 60

Wladyslaw Szpilman´s musique agenda



CD: Wladyslaw Szpilman The Original Recordings of The Pianist

 

Works for Piano and Orchestra

John Axelrod - Director

Ewa Kupiec - Piano

Radio Sinfonieorchester Berlin

SONY Classical

Premiere: 30.9.2005

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3 CD´s:

Solo: Chopin, Alfred Grünfeld, Debussy, Ignaz Friedman, Szpilman, Prokofjew 7th Sonata, Bacewicz, Sonata Nr. 2 (1st publication of the world premiere in 1953)

Violin & Piano with Bronislaw Gimpel: Beethoven "Spring", Grieg op.45, Rathaus "Pastorale and Dance" (1st publication of the world premiere recording in 1963) and small works by Schubert, Dvorak, Wieniawski, Bloch, Prokofiew

The Warsaw Piano Quintet: Piano quintets by Robert Schumann and Juliusz Zarebski (1st publication world premiere recording 1963)


SONY Classics Europe

Disponible: Amazon.fr


Une médaille de "Juste" pour l'officier allemand qui a sauvé le "Pianiste"

20.06.2009

BERLIN (AFP) — L'officier allemand qui avait secouru pendant la guerre le pianiste juif polonais Wladyslaw Szpilman, une histoire rendue célèbre par le film de Roman Polanski "Le Pianiste" (2002), a reçu vendredi à Berlin à titre posthume la médaille de "Juste parmi les Nations" de Yad Vashem.
Basé pour la Wehrmacht à Varsovie à partir de 1940, Wilhelm Hosenfeld -dit Wilm- a aidé en 1944-45 le pianiste et compositeur Szpilman à survivre en lui fournissant une cachette et des vivres.
Arrêté par les Soviétiques et condamné à la prison à vie, il est mort en détention en 1952, à l'âge de 57 ans.
La médaille et le certificat de "Juste parmi les Nations" de Yad Vashem, le Mémorial pour la Shoah de Jérusalem, ont été remis vendredi à ses enfants lors d'une cérémonie au Musée juif de Berlin, en présence de la veuve, du fils et des petits-enfants du pianiste.
"Wilhelm Hosenfeld a été profondément bouleversé" par les crimes commis par les nazis, il l'a écrit dans des lettres à sa femme en dénonçant "le génocide des juifs" commis par "des animaux", a déclaré la représentante de Yad Vashem, Gisela Kuck, devant des descendants de l'officier.
"En mars 1941, après sa première visite d'un ghetto juif, il a écrit: +Horribles conditions de vie. C'est pour nous un acte d'accusation épouvantable. Les gens sont forcés de vivre comme des animaux+. Et plus tard, après le soulèvement du ghetto de Varsovie, +nous n'avons mérité aucune grâce et aucune pitié. Chaque Polonais a le droit de nous cracher dessus+", a-t-elle ajouté.
Très ému, Detlev Hosenfeld, 82 ans, a exprimé la "profonde reconnaissance" de sa famille pour le titre de Juste décerné à son père plus de 60 ans après les faits.
Le fils du pianiste Andrzej Szpilman a lui dit sa "grande joie". "Mon père avait écrit à Yad Vashem et fait acter chez un notaire peu avant sa mort (en 2000) son souhait de voir Wilhelm Hosenfeld honoré". Ce titre de Juste, "c'est le minimum que l'on pouvait faire", a-t-il estimé, en appelant l'Allemagne à honorer à son tour l'ex-officier.
"Mon père a vécu dans des ruines à Varsovie, en hiver par -20 ou -25°C, et Wilm Hosenfeld l'a soutenu activement", mais ce n'est qu'en 1951 qu'il a appris l'identité de son sauveteur, par le biais d'un autre juif sauvé par l'officier allemand, a expliqué à l'AFP Andrej Szpilman.
Car pendant la guerre, a indiqué une fille de l'officier, Jorinde, 76 ans, "Szpilman avait préféré ne pas savoir le nom de mon père, pour ne pas risquer de le trahir en cas de torture".
23.000 personnes dont 500 Allemands ont reçu le titre de "Juste parmi les nations" pour avoir sauvé des juifs de l'Holocauste.
Le film "Le Pianiste" a reçu la Palme d'Or au Festival de Cannes en 2002 et plusieurs Oscars et Césars.
Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés.

Israël: l'officier allemand du "Pianiste" honoré par Yad Vashem

lundi 16 février 2009 13h18

L'officier de la Wehrmacht Wilm Hosenfeld, rendu célèbre par le film de Roman Polanski "Le pianiste" (2002), a été reconnu "Juste parmi les Nations" à titre posthume, selon un communiqué publié lundi par Yad Vashem, le Mémorial pour la Shoah de Jérusalem.
L'officier Wilm Hosenfeld, basé à Varsovie dès juillet 1940, s'est vu décerner le titre de "Juste parmi les Nations" pour avoir "sauvé des juifs de la Shoah" durant la Seconde guerre mondiale.
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Hosenfeld a été rendu célèbre par le film de Roman Polanski, "Le pianiste", tiré de l'histoire vraie d'un musicien juif polonais, Wladyslaw Szpilman, qui a remporté nombre de prix au Festival de Cannes, aux Oscars et aux Césars.
Wladyslaw Szpilman a écrit au Mémorial de Yad Vashem pour raconter comment, en novembre 1944, l'officier allemand lui avait fourni une cachette, de la nourriture, des couvertures et un soutien moral. Un autre rescapé, Leon Wurm, a certifié qu'Hosenfeld, qui travaillait au Centre de Sports de l'armée, l'avait employé après son évasion d'un train qui le menait vers le camp d'extermination de Treblinka.
La Commission pour la désignation des "Justes parmi les Nations" avait déjà étudié le cas de l'officier allemand sans lui décerner le titre, aucune preuve ne permettant, selon elle, d'affirmer qu'il n'avait pas participé à des crimes de guerre durant la prise du ghetto de Varsovie.

http://fr.movies.yahoo.com/16022009/10/israel-l-officier-allemand-du-pianiste-honore-par-yad-vashem.html


VARSOVIE

L'officier allemand sauveur
du "pianiste"honoré à titre posthume
NOUVELOBS.COM | 05.10.2007 | 13:39

A l'occasion d'une cérémonie dédiée aux sauveurs de juifs pendant la seconde Guerre Mondial, le président polonais honorera à titre posthume l'officier allemand qui sauva le "pianiste".

Le président polonais Lech Kaczynski honorera le capitaine Wilm Hosenfeld, lors d'une cérémonie à Varsovie dédiée aux sauveurs de juifs durant l'Holocauste a indiqué vendredi 5 octobre une collaboratrice du président. L'officier allemand de la Wehrmacht, Wilm Hosenfeld avait sauvé la vie du pianiste juif polonais Wladyslaw Szpilman, héros du célèbre film de Roman Polanski. Le capitane Wilm Hosenfeld, mort en déportation en URSS en 1952, recevra une médaille à titre posthume.

Plusieurs autres polonais seront distingués à cette même occasion comme un diplomate japonais, Chiune Sugihara. Consul en Lituanie pendant la guerre, le diplomate avait secouru des milliers de juifs leur permettant d' échapper au régime nazi, en leur délivrant des visas japonais. Officier de la Wehrmacht, Wilm Hosenfeld avait aidé pendant la guerre une douzaine de Polonais, dont des juifs. Il avait caché et nourri Wladyslaw Szpilman à la fin de l'insurrection de Varsovie en 1944, quelques mois avant l'offensive de l'armée rouge. Capturé par les Soviétiques, il avait alors été accusé de "crimes de guerre" et condamnée à la peine de mort, commuée ensuite en 25 ans de camp de travail. Sorti sur les écrans en 2002, "Le Pianiste" de Roman Polanski avec Adrien Brody dans le rôle de Wladyslaw Szpilman a ramassé de nombreux prix, dont plusieurs Oscars et Césars.

Hip-O Records/Universal
 
Wendy Lands Sings the Music of the Pianist Wladyslaw Szpilman
G.Tremblay
Dans la foulée du film de Polanski, Andrzej Szpilman fait connaître la musique de son père. Lui et le réalisateur John Leftwich (Rickie Lee Jones, Lyle Lovett) ont choisi parmi les 500 thèmes du compositeur. Ils ont réuni auteurs, musiciens et ont demandé à la chanteuse canadienne Wendy Lands de participer à l'aventure. Il en résulte un album inspiré, d'une richesse musicale remarquable qui laisse percer des teintes de flamenco, de folk, de country et de jazz. On retiendra Turn Away et Hold Me a Moment(Leftwich), Smoke and Mirrors (Shira Myrow), Fall in Love Again (Michael Ruff) et My Memories of You (David Batteau).

Disponible Amazon.fr



"Wendy Lands sings the songs composed by Wladyslaw Szpilman"

SONGBOOK


“My memories of you”

Selection du 16 Chancons (pour piano) Compositeur: Wladyslaw Szpilman

by Boosey & Hawkes Publishers 2003

amazon.com


Ne manquez pas Le Pianiste!
le 26.02.07 - www.lemondedelamusique.com

Robin Renucci et Mikhaïl Rudy (Photo : DR)
Vous avez aimé le film de Roman Polanski Le Pianiste ? Vous avez dévoré dans la foulée le magnifique récit de Wladyslaw Szpilman qui l’a inspiré (Editions Robert Laffont) ? Courez alors aux Bouffes du Nord, où le comédien Robin Renucci et le pianiste Mikhaïl Rudy reprennent la version scénique de cette histoire exemplaire, qu’ils ont fait triompher en 2005 à travers toute la France. Le cadre magnifique et décati, le grand espace peuplé d’ombres du théâtre de Peter Brook ajoute à l’étrangeté de cet échange virtuose de mots et de musique, à ce numéro de haute école consistant à frôler la sensiblerie sans jamais y tomber.

Le Pianiste, de Wladyslaw Szpilman, musique de Frédéric Chopin, Wladyslaw Szpilman. Mise en scène de Cécile Guillemot. Avec Robin Renucci et Mikhaïl Rudy (Nicolas Stavy du 13 au 17 mars).

Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis boulevard de la Chapelle, 75010 Paris, jusqu’au 17 mars. Tous les soirs à 21h, sauf dimanche et lundi, matinée samedi à 15h30. www.bouffesdunord.com

Sobriété et dépouillement étaient au rendez vous de ce pianiste incarné par Robin Renucci et son double, Mikhaïl Rudy, l'un récite les lettres écrites par Wladyslaw Szpilman, l'autre joue Chopin, pour raconter l'histoire de la survie de ce pianiste caché en plein ghetto de Varsovie et adapté à l'écran en 2002 par Roman Polanski.
Sobriété du jeu de cet acteur qui porte la pièce pour l'avoir écrite, interprétée et dépouillement du décor dans ce théâtre des Bouffes du Nord où l'état de délabrement permet de se passer d'autres décors. Sobriété également des lumières qui nous proposent des ombres.
Un récit lent, descriptif sans être mélodramatique et une force d'évocation.

du 21 février au 17 mars 2007 au théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis boulevard de la Chapelle, 75010 Paris

Théâtre contemporain
Du 02/02/05 au 15/05/05
LE PIANISTE
LA PEPINIERE-OPERA THEATRE MUSICAL
7, rue Louis-le-Grand
75002 PARIS

 A savoir
de Wladyslaw Szpilman. Avec Robin Renucci, Mikhaïl Rudy et en alternance avec Nicolas Stavy. Musique Frédéric Chopin et Wladyslaw Szpilman.
Dans le Ghetto de Varsovie pendant la guerre, l'extraordinaire destin d'un musicien juif qui doit sa survie à un policier mélomane hanté par l'atrocité des crimes nazis. Après le livre de Szpilman et le film de Polanski, ce récit bouleversant est porté à la scène par un grand comédien et un pianiste virtuose.

Le Figaro 15 Fevrier 2005:

Palais des Festivals et des Congres Cannes

30es Nuits Musicales du Suquet
Parvis Notre-Dame d’Espérance lundi 18/07/2005
21h15

Pianiste de Wladyslaw Szpilman
avec Robin Renucci, Mikhaïl Rudy

Frédéric Chopin : Nocturne op.27, n°2 en ré bémol majeur
Wladyslaw Szpilman : Concertino, extraits
Frédéric Chopin : Mazurka op.63, n°3 en do dièse mineur
Prélude op.28, n° 4 en mi mineur
Prélude op.28, n°15 en ré bémol majeur
Prélude op.28, n°20 en do mineur
Sonate en si bémol mineur, 1er mouvement
Wladyslaw Szpilman : Suite pour piano, extraits
Frédéric Chopin : Nocturne en do dièse mineur, op.27, n°1
Nocturne op.48, n°1 en do mineur
Prélude op.28, n°7
Prélude en ré bémol majeur, op.27, n°2

• Un pianiste dans le ghetto de Varsovie
Bouleversé par le livre de Wladislaw Szpilman dont Roman Polanski a fait un film, Robin Renucci a eu le désir de l’adapter au théâtre en faisant une large place à la musique de Chopin dont “le pianiste” était un grand interprète. Ce spectacle met en scène deux grands artistes, le pianiste Mikhail Rudy et le comédien Robin Renucci qui nous en offrent une version où la charge émotionnelle, la force des mots et les envolées musicales résonnent, incarnant la dimension tragique du destin de ce Juif polonais désormais immortalisé…
« J’ai été bouleversé par cette histoire vraie de ce jeune pianiste virtuose piégé dans le ghetto de Varsovie, que le destin a repêché à plusieurs reprises et que la musique a sauvé. (…) Je me suis fait un devoir de reprendre avec précision les mots de Szpilman. Pour moi, ce qui compte, ce sont les mots justes et la musique. Rien d’autre. J’ai adapté son livre, mais en étant au plus près de son texte. Et j’ai demandé à Mikhaïl Rudy de jouer du piano parce que Szpilman vivait et a survécu grâce à la musique, grâce aux partitions qu’il se repassait dans sa tête. » Robin Renucci in France Soir, 2005
Traduction française de Bernard Cohen.
Musique de Frédéric Chopin et Wladyslaw Szpilman. La conception musicale et le choix des oeuvres de ce spectacle sont de Mikhaïl Rudy.
• Les mots justes et la musique
Dès sa sortie, Robin Renucci a été bouleversé par le livre Le pianiste de Wladislaw Szpilman, dont très vite il a fait les lectures à la Maison du Judaïsme. Robin a eu envie de monter un vrai spectacle qui donnerait une large place à la musique, principalement celle de Chopin dont Wladislaw Szpilman était un grand interprète, et dont le nocturne en do dièse mineur joue un rôle clé dans le déroulement de l’histoire du livre.
C’est de cette idée qu’est née la rencontre de Mikhail Rudy et de Robin Renucci sur l’initiative du Festival des Estivales de Perpignan où  Le pianiste a été créé en 2002. Les deux artistes ont travaillé ensemble pour élaborer deux heures de spectacle (environ une heure de musique et une heure de textes entremêlés) où la musique de Chopin prolonge les émotions du texte. Le spectacle a été donné devant une salle comble du Palais des Rois de Majorque et a reçu un accueil enthousiaste.
Le fils de Wladislaw Szpilman, qui est à l’origine de la sortie du livre, a assisté au spectacle dont il a été tellement satisfait qu’il a demandé à Mikhaïl Rudy de faire la création en Pologne des œuvres pour piano composées par son père. Mikhaïl Rudy a ainsi interprété le Concertino pour piano et orchestre écrit dans le ghetto et évoqué dans le livre et la Suite pour piano miraculeusement redécouverte récemment. Le concert a eu lieu à la Philarmonie de Varsovie à l’occasion de la Première du film de Roman Polanski, lors d’une soirée très émouvante réunissant les membres de la famille Szpilman et largement relayée par la presse polonaise.
• La presse
« Du théâtre, de la musique. Une spiritualité qui flambe haut. Comme une prière en laquelle chacun, d’où qu’il vienne, se reconnaît au plus profond. » Armelle Héliot, Le Figaro, février 2005
« Sans rien montrer, par la seule force de l’évocation. On est ému, bouleversé par le récit pudique et grave. C’est remarquable. » Annie Chénieux, La Journal du Dimanche, février 2005 PARISCOPE Avant que le tonnerre d’applaudissement n’éclate dans la salle, un silence chargé d’émotion se fait entendre. Et c’est beau. LE FIGARO C’est plus que du charme. C’est une façon généreuse d’être au monde. Une sincérité. Une présence pleine. De ses premières apparitions sur les tréteaux, il y a 25 ans, en passant par une carrière sans défaut au cinéma, Robin Renucci n’a guère changé. Il a mûri. C’est un fougueux, un ardent. Il possède l’esprit des bâtisseurs. Sa vie c’est entreprendre, transmettre donner. LE JOURNAL DU DIMANCHE Devant la cohérence et l’investissement de Robin Renucci, devant l’étendue de ses talents et la qualité de ses choix artistiques, on serait volontiers béat d’admiration. [ ... ] On est ému, bouleversé par le récit pudique et grave. C’est remarquable. LE PARISIEN itw Robin Renucci « La nécessité de monter Le Pianiste s’est imposé à moi. Il y a un tel souffle, une telle émotion dans ce récit et cette musique qu’on sort de là touché, grandi. C’est une belle réponse à l’amnésie qui frappe la société actuelle, à cette pensée négationniste qui continue de se répandre insidieusement. » FRANCE SOIR itw Robin Renucci « Je me suis fait un devoir de reprendre avec précision les mots de Szpilman. Pour moi,
ce qui compte, ce sont les mots justes et la musique. Rien d’autre. » LE FIGARO Le récit dans sa sincère simplicité et la musique dans ses subtiles nuances. Une spiritualité qui flambe haut. LES ECHOS Robin Renucci a réussi l’impossible : faire du Pianiste, récit autobiographique de Wladyslaw Szpilman, un spectacle de théâtre. [ ... ] Robin Renucci évoque avec une retenue exemplaire, d’une voix presque blanche et pourtant toujours
nette, ces moments de souffrance, de courage et d’horreur. [ ... ] Deux hommes en noir sur une scène minuscule : l’un des plus beaux spectacles de l’hiver LE PARISIEN C’est un miracle de sobriété, de rigueur, de fidélité et d’émotion ! Le texte sonne vrai, prend du relief, éveille
des images et nous touche par son authenticité, d’autant que Mikhail Rudy, sur son Steinway de concert, l’illustre en virtuose

Le Pianiste
ATELIER THEATRE ACTUEL présente
en accord avec le Théâtre La Pépinière/Opéra


Wladyslaw SZPILMAN
LE PIANISTE - HB7400
LIVRES AUDIO VDB., 2003.
Où emprunter, détails...
Note
De nationalité polonaise, Wladyslaw Szpilman a vécu, en 1939, l'invasion de Varsovie par l'armée allemande. C'est le récit d'une vie errante, d'une fuite de cachette en cachette que l'auteur juif raconte jusqu'à son sauvetage par un officier allemand ayant pris conscience des atrocités du régime nazi. Publié en français chez Robert Laffont en 2001, le récit a comme indice le "Nocturne en ut dièse mineur" de Chopin, dernière oeuvre musicale jouée par Wladyslaw Szpilman sur la radio nationale polonaise avant les bombardements. L'auteur est, en effet, musicien; avant la guerre, il travaille pour la radio nationale; plus tard, il partage sa vie entre compositions et concerts (voir DC5305). C'est en 1945 qu'il écrit en polonais son aventure cauchemardesque. C'est un classique de la Shoah. JMV.

 
La Médiathèque


Un livre indispensable

...Ce livre a été pour moi une leçon d'histoire et une leçon de vie.
Leçon d'histoire car on apprend comment au fur et à mesure, les lois anti-juives ont été promulguées et on prend conscience très clairement des modifications insupportables que ces lois occasionnaient dans la vie de gens simples qui n'avaient pour seul tort que celui d'être juif.
Leçon de vie ensuite, car la volonté farouche et le courage de Szpilman lui ont permis de survivre.
A lire de toute urgence !

www.ciao.fr

Chef d'oeuvre !!!
par Mathieu Guiglielmi, 
avril 2002

J'ai reçu "Le pianiste" comme cadeau d'abonnement à votre magazine. Je ne l'ai pas lu, je l'ai dévoré. Cette terrible histoire, est poignante, on ne peut s'empêcher de tourner pages après pages, pour savoir ce qui va arriver à Szpilman. Ce dernier est un conteur né, il dépeint sa situation désastreuse pendant ces 6 ans passés dans l'enfer nazi de cachettes en cachettes et à la recherche d'un peu de nourriture et d'eau, avec sobriété, mais reste aussi tellement émouvant. Ce n'est pas seulement un livre... c'est une merveille !

Un livre qui m'a retourné !

C'est suite à la chronique de Michel Polac sur France Inter dans l'émission "la partie continue" entre 18 et 19 h ,que j'ai découvert ce livre. J'ai commencé ce livre en début de soirée et ne l'ai laché qu'au matin ...

www.ciao.fr



Le Pianiste par Roman Polanski

FOTO GALERIE

Roman Polanski partage une histoire tumultueuse avec le Festival de Cannes. Membre du jury en 68 (le festival avorte à cause des événements de mai), il revient en tant que Président en 1991. Il a présenté 4 films. Macbeth (72) et le flop hué de Pirates(86), hors compétition. le bateau de Pirates s'ancra longtemps à Cannes. Avec The Tennant(Le Locataire) en 76, il est pour la première fois en Compétition, parmi les favoris, et repart sans prix. En 2002, et seulement 3 films en 10 ans, et aucun hit en 20 ans, il réapparait avec son Pianiste, film monté financièrement en 2000 au Festival de Cannes.
Il s'agit bien évidemment de son film le plus personnel. Lui-même fut enfermé dans un ghetto de Cracovie, il a aussi survécu aux bombardements de Varsovie. C'est son premier film en Pologne depuis 62! Dès la lecture des premiers chapitres, le réalisteur de Rosemary's baby et Chinatown savait que ce serait son film "rédempteur" après le médiocre et kitsch Ninth gate.
A l'origine, les souvenirs d'un pianiste, Wladyslaw Szpilman, rédigés juste après la guerre, mélangeant l'authenticité, l'atrocité, et l'objectivité d'une réalité proche. "Dans son livre, il y a de mauvais et de bons Polonais, tout comme de mauvais et de bons Juifs, de mauvais et de bons Allemands."
L'acteur était évidemment primordial. 1400 candidats se présentèrent. Polanski cherchait un professionnel anglophone. Il le trouva en Amérique, en la personne d'Adrien Brody, ni trop connu, ni inexpérimenté. Il avaité té remarqué chez Coppola, Soderbergh, Malick, Spike Lee, Levinson... C'est à Cannes, en 2000, qu'il fut révélé, avec un Loach (Bread and Roses).
Les décors furent tout autant complexes à monter pour exprimer la réalité d'alors. C'est Allan Starski, à qui l'on doit ceux de La Liste Schindler, Danton, Europa Europa, qui fut engagé. Le budget conséquent (35 millions de $) permit de reconstituer ce qui avait été détruit aux studios Babelsberg (Stalingrad). Mais Polanski a réussi à trouver quelques coins de rues historiques pour en abuser un peu et profiter ainsi de reposer sa caméra sur son sol natal. Pas étonnant qu'il ait dédié sa Palme aux Polonais.
La production s'est achevée il y a plus d'un an. Pendant la construction du projet, le véritable Szpilman (l'Homme qui joue, littéralement) est mort à l'age de 88 ans (le 6 juillet 2000). Pianiste célèbre dès les années 30, il travaille pour la Radio d'Etat quand Hitler bombarde Varsovie, en septembre 39. Cette invasion déclenchera la seconde guerre mondiale. Après la publication de son livre, "Mort de la ville", en 46, il devindra un célèbre compositeur et le directeur musical de la radio nationale. En 98, son fils découvre ses mémoires et décide de les publier : "Le Pianiste".
Ce livre et donc ce film ont permis au réalisateur de "raconter l'histoire d'un autre avec son propre vécu et ainsi d'accepter d'affronter ses propres démons". Il a enrôlé aux côtés de Brody, des acteurs comme Thomas Kretschmann (La reine Margot, U571, Blade II) pour incarner le Capitaine Allemand mélomane. Le reste du casting est essentiellement britannique tandis que l'équipe technique regroupe quelques uns des meilleurs artistes polonais. Le film est produit par Alain Sarde, déjà producteur de Mulholland Drive, de David Lynch.

Post-Cannes
Le Pianiste est devenu l'un des films les plus récompensés de l'année, malgré un succès modeste au B.O. : 1,5 millions d'entrées en France, à peine 20 millions de $ aux USA. Mais le Polanski a réussit l'exploit de remporter 7 Césars (sur 10 nominations), dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur et meilleure musique. Pas rien pour un film à 50% français et à 100% en langue anglaise. Mieux, le film est nominé 7 fois aux Oscars (dont meilleur film, réalisateur, acteur, photo, scénario et montage). Pas en reste, les Britanniques ont primé Polanski aux BAFTA (British Awatds) d'un prix du meilleur film et du meilleur réalisateur, et les espagnols lui ont remis un Goya du meilleur film européen. Assurément, la Palme d'Or plait au delà de la Croisette. C'ets très rare pour être souilgné.

(www.cannes-fest.com)


Le Monde

28.05.02

Polanski consacré, Kaurismäki adoubé

Le jury du 55e Festival de Cannes a décerné, dimanche soir, la Palme d'or à Roman Polanski pour "Le Pianiste" et le Grand Prix à Aki Kaurismäki pour "L'Homme sans passé". La cérémonie a permis à de nombreux cinéastes étrangers de dire leur attachement à l'exception culturelle française.

Grand Théâtre Lumière

VIDEO


Le Parisien - Pierre Vavasseur  
Tié d'une histoire vraie, ce film à grand spectacle de Roman Polanski est tout simplement bouleversant.

L'Express - Jean-Pierre Dufreigne  
Peut-être le plus grand film de Polanski. Grâce à la pudeur de la narration pour conter une histoire terrible - et vraie! - la palme d'or de Cannes 2002 nous écorche jusqu'au coeur. A voir absolument.

Le Point - Olivier De Bruyn  
Admirable d'intelligence, de pudeur et d'émotion, " Le pianiste " est le chef-d'oeuvre de Roman Polanski. Un de ces metteurs en scène, si rares, qui, en évoquant l'Histoire, demeurent créateurs de formes et inventeurs d'imaginaire.

Première - Gérard Delorme  
Avec les arguments que Roman Polanski utilise, son Pianiste est irréfutable.

Aden - Philippe Piazzo  
Le Pianiste, justement couronné par la palme d'or cannoise, est aujourd'hui un aboutissement. C'est le film de toute une vie et de toute une carrière.

Oui Rock - Sarah Beaufol  
Un film troublant et bouleversant... à ne pas rater.

Cinopsis - Benjamin d'Aoust  
Comment détacher son regard d'un écran à la fois si lourd de sens et si mélodieux ? Impossible. Merci Monsieur Polanski.

Télérama - Frédéric Strauss  
L'histoire vraie d'un survivant du ghetto de Varsovie, sobrement magnifiée par Roman Polanski.

Les Inrockuptibles - Frédéric Bonnaud  
(...) le concert final résonne comme une prière, l'hommage presque apaisé d'un grand cinéaste qui continue de vivre avec ses mondes engloutis.

Positif - Olivier De Bruyn  
Taxé d'académisme par quelques critiques experts dans l'exercice de la mauvaise foi, Le Pianiste est un film d'une richesse rare dont la consécration, au sein d'une compétition (Festival de Cannes) de très haut niveau, n'est nullement usurpée.

Libération - Philippe Azoury  
Polanski signe un film d'une grande sincérité, évocation kafkaïenne du nazisme.

 



Décès du compositeur Wladyslaw Szpilman.

Le compositeur polonais d'origine juive Wladyslaw Szpilman est décédé le jeudi 6 juillet, à l'âge de 88 ans. Auteur de chansons très populaires en Pologne et de musiques pour le cinéma, il sera le personnage principal d'un film que le réalisateur Roman Polanski doit commencer à tourner cet automne en Pologne. Tiré des mémoires de Wladyslaw Szpilman et laissant une large place à sa musique, il racontera sa vie pendant la Seconde guerre mondiale, sous l'occupation allemande. (6 juillet-afp) 



 Un piano dans le ghetto

par Guy Rossi-Landi
Lire, avril 2001



Le sous-titre dit bien l'intérêt exceptionnel de l'ouvrage: «L'extraordinaire destin d'un musicien juif dans le ghetto de Varsovie». Quand la ville croule sous les bombes, en septembre 1939, Radio-Pologne est réduite au silence au moment où un jeune pianiste y joue un nocturne de Chopin. Les émissions reprendront six ans plus tard, avec le même morceau, interprété par le même pianiste, ce qui est proprement miraculeux.

En effet, Szpilman est juif. Il survit d'abord, avec sa famille, trois ans dans le ghetto, où il continue à pratiquer le piano, dans un café où se réunit l'intelligentsia juive, comme si de rien n'était (et l'on découvre avec surprise qu'une vie sociale a existé, un certain temps, dans le ghetto). Puis, en août 1942, tous ses proches sont déportés, mais un policier mélomane le fait in extremis sortir du convoi.

Szpilman va alors errer de cachette en cachette, solitaire et affamé, pendant deux ans et demi. Par un étonnant caprice du destin, il ne doit sa survie qu'à sa rencontre avec un officier allemand, un chrétien horrifié par les crimes nazis, qui lui apporte un peu de nourriture. Ce Juste, dont une partie du journal est publiée en annexe, est mort dans les camps soviétiques.

Publié en polonais après la guerre, le livre avait été jugé alors politiquement incorrect par le régime communiste et rapidement interdit; aujourd'hui encore il n'est pas disponible en polonais. Qu'il s'agisse du sort personnel de l'auteur ou de l'insurrection du ghetto, le récit est d'autant plus bouleversant qu'il est volontairement distancié, comme s'il s'agissait d'un modeste témoignage. Son auteur est mort en juillet 2000.
Lire.fr


Le Pianiste

 

Septembre 1939, dernière exécution à la radio polonaise du Nocturne en ut dièse mineur de Chopin par le pianiste Wladyslaw Szpilman avant qu'une bombe allemande ne réduise l'émetteur au silence. 1945, pour la réouverture de l'antenne de Radio Pologne, Szpilman interprète le même Nocturne en ut dièse mineur. Entre ces deux exécutions, six ans de la nuit la plus noire "le temps que Herr Hitler joue sa partition sur la scène mondiale". Six ans pour Szpilman de confrontation quotidienne avec l'horreur, la peur et la mort.

A travers un récit, très pudique, très distancié, l'auteur brosse l'effroyable tableau de Varsovie et de ses habitants juifs au cours de ces années: siège de la ville puis constitution et organisation de la vie dans le ghetto avec ses collaborateurs et ses justes, ses fêtes, ses rafles, ses rumeurs qui enflent sur le sort des juifs envoyés en "camp de travail"; l'insurrection de Varsovie et la destruction finale de la ville par les Allemands.

Chaque étape apporte son lot de dangers, de pièges à déjouer. Le père et la mère de Szpilman, ainsi que ses deux surs et son frère partageront leur dernier "repas" avec lui - un caramel coupé en six - juste avant que, miraculeusement écarté du convoi, il ne les voit partir pour Treblinka. Il ne cessera d'ailleurs d'échapper à la mort, aussi bien dans l'enceinte du ghetto que plus tard, lorsqu'il quitte cette partie de Varsovie pour se réfugier chez les uns ou les autres, toujours caché, traqué par les bombes, les Allemands, l'incendie, vivant terré dans un trou pendant des mois.

De musique proprement dite, il est peu question dans ce livre, sauf à quelques reprises lorsque le narrateur s'inquiète pour ses mains, gelées, éprouvées par les travaux les plus durs ou lorsque totalement isolé dans un minuscule réduit, pendant des jours, presque sans boire et sans manger, il se remémore pour éviter la folie toutes les partitions qu'il a interprétées.

Ce récit bouleversant est complété par d'émouvants extraits du journal tenu à Varsovie par Wilm Hosenfeld, officier allemand qui contribua à la survie du pianiste en lui apportant au péril de sa vie quelques nourritures.

Après la guerre, Wladyslaw Szpilman a dirigé la radio nationale polonaise et a mené une carrière de compositeur et de pianiste. Il est mort à Varsovie en juillet 2000. Contrairement à beaucoup de survivants, il écrivit ce témoignage très vite après la guerre. Proscrit par le régime communiste en 1946, ce récit plongea à sa manière dans la nuit jusqu'à ce que les lecteurs français le redécouvrent aujourd'hui. Il sera désormais difficile d'entendre le Nocturne en ut dièse mineur de Chopin (opus 27, n° 1) sans songer à la destinée de Szpilman et à celle des juifs de Varsovie.


L'Express du 15/02/2001

Le survivant

par Martine de Rabaudy

Wladyslaw Szpilman raconte ses années traquées dans le ghetto de Varsovie. Roman Polanski a décidé d'en faire un film


Le 13 mars 1943, lors de la liquidation du ghetto de Cracovie, un jeune garçon aperçoit un groupe d'hommes de son quartier, escortés par des soldats allemands. Lorsque la colonne se rapproche de lui, il reconnaît son père parmi ces prisonniers. Celui-ci le retient du regard et lui souffle: «Fiche le camp!» Cette scène figure dans Roman, l'autobiographie de Roman Polanski, parue en 1984. A quelques détails près, semblable événement se retrouve dans Le Pianiste, de Wladyslaw Szpilman, prisonnier du ghetto de Varsovie, dont le récit édité en 1946 est ensuite interdit par le pouvoir soviétique pendant plus d'un demi-siècle. Enfin publié en France, on comprend la volonté de Roman Polanski d'en acquérir les droits. Le Pianiste sera son prochain film. Ces deux Polonais rescapés de l'enfer nazi auront, chacun dans so
n art, une carrière internationale. En juillet 2000, Szpilman meurt à Varsovie. Pour le musicien, ce livre unique, tant retardé, apparaît comme un ouvrage posthume. Après avoir vu ses parents, ses deux sœurs et son frère disparaître à jamais dans une rafle - ils seront gazés à Treblinka - après avoir entendu, quelques jours plus tard, un officier nazi, regardant un train de juifs s'ébranler, dire à un policier: «Tiens, regarde, ils partent griller», le jeune musicien s'enfuit, secoué de sanglots; il va errer, de cachette en cachette, à l'intérieur du ghetto, de novembre 1940 à juillet 1942. On redécouvre, dans cette existence de gibier traqué, les conditions de survie déjà évoquées dans l'inoubliable Journal d'Anne Frank. Surnommé, après la guerre, «le Robinson Crusoé de Varsovie» - «L'isolement absolu était la condition de ma survie» - Szpilman doit son salut à l'intervention d'un juste, Wilm Hosenfeld, qui mourra à la fin de la guerre, prisonnier dans un camp soviétique. Pour Szpilman, cette issue, contre laquelle il ne put rien, apprenant trop tard l'identité réelle de son sauveur, ajoute un drame de plus à son existence de survivant. De nombreux témoignages de victimes existent sur cette funeste époque. Jamais il n'y en aura un de trop.


Un survivant du ghetto

Musicien à Radio Pologne, un jeune juif a traversé toute la guerre à Varsovie, survivant aux massacres qui ont exterminé sa famille, vivant caché dans des conditions de naufragé. Publié en 1946, puis gelé par le pouvoir communiste, un témoignage bouleversant venu du froid et de l'horreur. Laffont, 119 francs (18,14 euros).

LE PIANISTE
de Wladyslaw Szpilman

On croyait tout connaître des atrocités nazies et de l'enfer du ghetto de Varsovie. Mais ce récit émergeant de l'oubli devrait rester, sur cette page noire de l'histoire du dernier siècle, parmi les documents essentiels. Publié une première fois en Pologne en 1946, immédiatement bloqué par le pouvoir communiste, jamais réédité, et donc resté jusqu'à aujourd'hui ignoré du reste du monde, il a été rédigé en 1945 par un musicien juif, Wladyslaw Szpilman, qui, pianiste à Radio Pologne au début de la guerre, y raconte les hallucinantes conditions de sa survie dans une ville assassinée.

Depuis le 31 août 1939 où, à l'aube, les premières explosions ont annoncé le début de la guerre, jusqu'au 15 janvier 1945 où, terré dans une soupente, énième cachette depuis sa fuite du ghetto, il a entendu les haut-parleurs annoncer, en polonais, la libération de Varsovie. Tout est là. L'étonnement, d'abord - comme en France, on ne pouvait pas croire à la supériorité allemande - l'espoir quand la France et l'Angleterre sont entrées dans la guerre, le siège, les bombardements, l'entrée des Allemands, les premières rafles raciales - et la chance de tomber sur un soldat musicien -, le rôle équivoque du Conseil
juif - qui, au début, monnayait l'échange d'intellectuels contre des prolétaires -, le marché noir, la formation d'un « ghetto », la peur permanente, la famine, la maladie, le bocal de soupe que l'on s'arrache entre miséreux et, pourtant, la poursuite, au moins dans l'intelligentsia, d'un semblant de vie sociale. Et l'incroyable chapelet de « distractions » que s'offraient les Allemands, réquisitionnant les musiciens des rues - ils jouaient pour survivre - pour faire danser les infirmes, les obèses, l'assassinat à bout portant, par un policier, d'un gamin de dix ans qui, terrorisé, avait oublié d'enlever sa casquette devant lui.

Un récit précis et sobre

Et puis, en août 1942, le ratissage des immeubles, les déportations (dont tous les proches de l'auteur), le travail forcé, les cadavres pourrissant dans les rues, l'insurrection de la dernière chance, l'extermination, l'incendie, la dévastation complète de tout un morceau de ville. Et encore, tous les Juifs morts ou déportés, l'invraisemblable survie, « dans l'isolement absolu », de cachette en cachette, avec quelques croûtes de pain et un fond d'eau noirâtre, dans un champ de ruines, au hasard des trahisons et des miracles, aussi, comme, à la fin, celui de la rencontre avec un Allemand qui avait « honte » de l'être, et a sauvé le narrateur - avant de mourir dans un camp soviétique.

Le miracle du courage

Un récit à la fois précis et sobre qui dit, au jour le jour, l'accumulation des horreurs. Et, aussi, le miracle du courage et de la volonté... Wladyslaw Szpilman, interprète réputé de Chopin, avait quitté Radio Pologne sous les bombes alors qu'il jouait un nocturne ; six ans plus tard, il retrouvait sa place, avec le même morceau. Devenu le directeur du service musical, il avait fondé le Quintette de Varsovie, avec Bronislav Gimpel, avant de se consacrer exclusivement à la composition. Il est mort au mois de juillet dernier, au moment où paraissait la première traduction (anglaise) de ce témoignage qui n'est toujours pas réédité en polonais. C'est son fils qui le présente ici, expliquant qu'il avait découvert le livre à l'âge de douze ans, rangé discrètement sur un rayon retiré de la bibliothèque familiale. Sans lui, jamais il n'aurait su pourquoi il n'avait plus de grands-parents paternels, et pourquoi son père ne parlait jamais de sa famille...

Ce n'est pas un récit de plus. C'est un texte aussi juste que ceux d'Anne Frank ou de David Rousset, A faire lire aux jeunes générations, alors que les survivants disparaissent et qu'il se développe parfois de nauséabondes controverses autour de la Shoah. Roman Polanski, lui aussi rescapé, va en faire un film.

ANNIE COPPERMANN


LE MONDE DES LIVRES

Livres

Les raisons de vivre de Wladyslaw Szpilman

Ce témoignage bouleversant d'un survivant du ghetto de Varsovie, écrit en 1945, n'a pas été réédité en Pologne. Il est traduit ici à partir de sa version anglaise



Le pianiste, l'extraordinaire destin d'un musicien juif dans le ghetto de Varsovie 1939-1945 de Wladyslaw Szpilman. Suivi des extraits du Journal du capitaine Wilm Hosenfeld et d'une postface de Wolf Biermann, traduit de l'anglais par Bernard Cohen, éd. Robert Laffont, 266 p., 119 F (18,14 EURO ).

Le Pianiste "L'extraordinaire destin d'un musicien juif dans le ghetto de Varsovie 1939-1945": le titre et le sous-titre disent en fait à peu près tout de ce récit écrit par Wladyslaw Szpilman. Dans l'avant-propos Andrzej Szpilman, fils du musicien, écrit ceci : "Wladylsaw Szpilman a écrit la version initiale de ce livre en 1945, avant tout pour lui-même plutôt que pour un lectorat potentiel ; d'après moi, c'était un retour sur de terribles expériences, qui lui permettait de se libérer de ses émotions les plus poignantes et de continuer à avancer dans la vie. Depuis, il n'avait jamais été réédité, quand bien même plusieurs maisons d'édition polonaises ont tenté de le remettre à la disposition des nouvelles générations dans les années 1960. Chaque fois, ces efforts ont été contrariés sans aucune explication officielle (...) Plus de cinquante ans après sa première publication, ce témoignage est à nouveau accessible, ce qui constituera peut-être, pour tous les Polonais de bonne volonté, un encouragement à le republier dans leur langue, dans leur pays." Roman Polanski tourne actuellement une adaptation de ce récit qui conte les héros, les lâches, les collaborateurs, les exécutions, la faim, le froid. Surgit aussi la figure admirable d'un juste, le capitaine allemand Wilm Hosenfeld, qui refuse cette guerre et l'extermination des juifs, et dont des extraits des carnets sont donnés en annexe.

On s'interroge sur la façon dont le cinéaste reconstituera à l'image un témoignage dont il nous semble impossible qu'on puisse le faire incarner à l'écran sans sacrifier à la péripétie propre au cinéma, fut-il animé de toutes les bonnes intentions.

Car le titre et le sous-titre disent tout et ne disent rien d'un témoignage écrit dans les ruines de Varsovie rasée par les nazis dans un pays dont la communauté juive a été assassinée, par un homme qui s'est retrouvé seul d'avoir vu mourir ou disparaître ceux qu'il côtoyait depuis l'enfance. A la différence d'autres textes écrits dans les années qui ont suivi, parfois longtemps après, Le Pianiste est un document rédigé sous le coup de l'émotion, ou plutôt dans l'état de vide, de non-être à force de souffrance qui ont fait suite à un tel déchaînement d'inhumanité. L'absence de sentiment de vengeance, la distance avec laquelle Wladyslaw Szpilman déroule le fil de ses souvenirs proches ne font qu'accroître l'émotion qui naît de la lecture d'un texte dont on répugne à dire qu'il est admirablement écrit, mais qui l'est : toute vanité, tout effet en est absent. Le Pianiste raconte ces années qui commencent avec les semaines qui ont précédé l'invasion de la Pologne et prennent fin avec le départ des Allemands, cette vie qu'il va falloir assumer : "Un squelette humain reposait contre un mur de façade, au pied de ce qui avait été une barricade au temps de la révolte. Sa stature était frêle, les os fins, délicats : une jeune fille, certainement, d'autant que de longs cheveux blonds pendaient encore du crâne. La chevelure est la partie du corps qui résiste le plus longtemps à la décomposition. (...) De mes surs, il ne reste rien, pas même de pauvres ossements comme ceux-là. Régina, si belle, Halina l'enfant sérieuse, ont disparu et je ne retrouverais jamais au moins une tombe sur laquelle prier pour le repos de leur âme."

Mais qui était Spilman ? Ce jeune pianiste, élève du compositeur et pianiste Arthur Schnabel travaillait pour la radio polonaise et était à l'aube d'une grande carrière quand les nazis ont déferlé sur l'Europe et ont envahi la Pologne. Le destin a voulu que Szpilman soit le dernier à s'être exprimé en direct sur les antennes de la Pologne libre et le premier à rejouer le même nocturne de Chopin quand elle a repris ses émissions, six ans plus tard - l'opus 48 en ut dièse mineur. Après la seconde guerre mondiale, Szpilman a repris sa carrière de pianiste, composé de nombreuses chansons fredonnées par ses compatriotes, dirigé la radio, fondé le Quintette de Varsovie ; il a aussi participé à la grande édition nationale polonaise de l'intégrale de l'uvre de Chopin, publiée au cours des années 60, sous l'égide de l'Etat communiste. Notre chance est qu'un artiste de cette trempe ait survécu pour embellir notre vie et témoigner.

Robin Renucci lira des extraits du Pianiste, les 10 (à 17h), 11, 12 et 13 juin (à 20H30) au Musée d'art et d'histoire du judaïsme (71, rue du Temple, 75003 Paris,réser. : 01-53-01-86-46).

Alain Lompech

 

LE MONDE DES LIVRES | 07.06.01 | 19h29


Wladyslaw Szpilman - Le survivant

(Le Monde de la musique Nr 110)


W.Szpilman Photo



Par la musique,Wladyslaw Szpilman a exorcisé l'horreur du ghetto de Varsovie, dont il est un des derniers rescapés. il perpétue la douceur d'un temps où le monde n 'avait pas encore été souillé par l'ultime barbarie.


Szpilman est une des figures légendaires de la musique polonaise,
pas seulement parce qu'il a fondé l'excellent Quintette de Varsovie avec son ami le violoniste Bronislaw Gimpel, mais parce que les aventures tragiques qu'il a vécues durant les derniers mois de la guerre dans une Varsovie rasée et absolument déserte, sa qualité de survivant font de lui l'un des derniers témoins d'une culture disparue, d'une cité anéantie.
Je suis né en 1911 à Sosnowiec dans une famille de musiciens. Mon père était un bon violoniste, et ma mère une pianiste très moyenne.
Dans cette ville qui comptait à l'époque quatrevingt mille habitants, il n'y avait pas d'orchestre, pas de musique du tout. Seulement un théâtre dramatique. Mes parents n'étaient pas assez riches pour acheter une radio, je me contentais donc de lire les partitions de Tchaïkovski, Scriabine, Beethoven et Brahms, qui traînaient à la maison. Malheureusement, il n'y avait rien de Debussy ou de Ravel. Mon père jouait dans l'orchestre de Katowice qui se trouve à huit kilomètres .de Sosnowiec. En ce temps-là, le compositeur moderne polonais était Szymanowski.
&laqno; le voulais devenir musicien, mais mon père, qui devait faire face à une existence difficile, s'y opposait. Bien entendu, c'est moi qui ai eu gain de cause. Je suis parti pour Varsovie, et je suis entré au Conservatoire Chopin, où j'ai étudié le piano avec Joseph Smidowicz, la fugue, l'harmonie et le contrepoint avec le pianiste Aleksander Michalowski, qui à mes yeux était encore plus grand que Paderewski. Il avait alors 72 ans et était presque aveugle.
- Vous avez commencé à composer dès cette époque?
- J'écrivais déjà des ouvertures pour piano à l'âge de 12 ans et j'étais allé les montrer au directeur de l'Opéra de Katowice, qui m'avait
dit que j'avais du talent, ce qui n'était pas vraiment un encouragement. Quoi qu'il en soit, après cinq années d'études à Varsovie, je suis parti en 1931 pour l'Académie de musique de Berlin, où j'ai travaillé avec Kreisler et Arthur Schnabel. C'est à cette époque que j'ai composé un concerto pour piano, une suite pour piano, La Vie des machines, et un concerto pour violon qui a été joué par Konrad Vinaver, un élève de Carl Flesch, et par Roman Totenberg qui partit ensuite aux Etats-Unis, où il est devenu directeur du Conservatoire de Boston.
&laqno;En 1932, je suis retourné en Pologne pendant les vacances pour retrouver mes parents et, à cause de l`atmosphère déjà très tendue qui régnait à Berlin, je n'y suis pas retourné. Je ne m'étais pas trompé, puisqu'en janvier 1933, Hitler prenait le pouvoir.
Je dois cependant dire qu'en ce qui concernait la musique, Berlin était une ville merveilleuse. C'était le temps où Furtwàngler dirigeait la Philharmonie, où Arthur Schnabel et Carl Flesch enseignaient à l'Académie. J'avais rencontré Paul Hindemith et Emanuel Feuermann, qui était alors un des plus grands violoncellistes du monde.
- Vous avez eu des condisciples qui sont devenus célèbres lorsque vous étiez étudiant à Varsovie.
- C'est vrai. La première lois que j'ai vu Ida Haendel, elle avait il ans, et jouait déjà magnifiquement du violon. J'avais pour ma part 17 ans, je devais donner un concert en sonate avec elle, et je me suis permis, lorsque nous avons commencé à répéter, de lui donner quelques conseils. Figurez-vous qu'elle m'a envoyé sur les roses en me répondant : &laqno; Vous, occupez- vous seulement de votre piano, parce que je sais très bien ce que je dois faire avec mon violon &laqno; Quant à Henryk Szeryng, je me souviens que son père avait ouvert le premier cinéma de Varsovie. Il avait décidé de faire débuter son enfant prodige à Varsovie, avec Bruno Walter.
Il y est parvenu, car c'était un homme très riche. En attendant de partir avec sa mère étudier à Paris, Henryk et moi avons donné quelques concerts en sonate.
- Que sèsi-il passé lorsque vous êtes revenu à Varsovie?
- Je suis entré à la radio de Varsovie, où j'ai donné des concerts comme soliste avec l'orchestre. J'ai joué le concerto de Brahms sous la direction de Fitelberg et, en 1939, j'ai rencontré Witold Lutoslawski qui venait de sortir du conservatoire, et qui allait jouer un rôle Si important dans ma vie. Je me souviens que
mon récital Chopin fut le dernier donné à la radio, car le 23 septembre, les Allemands ont encerclé la ville. Ce soir-là, j'ai joué la Ballade en fa mineur, la Barcarolle, puis soudain, l'électricité a sauté dans le studio. C'était fini.







Wladyslaw Szpilman & Bronislav Gimpel




- Pouvez-vous dire ce qui a suivi?
- Ce fut la capitulation, la tragédie. J'ai écrit un livre après la guerre dans lequel je raconte tout cela, Mort d'une cité, dont six chapitres ont été traduits et publiés en allemand. Mes parents, ma soeur et mon frère sont morts dans les camps de concentration.
<'Tout a commencé par une guerre psychologique: un jour, nous avons appris que nous devions porter l'étoile jaune, un autre jour qu'aucun juif n'avait le. droit de posséder plus de deux mille zlotys, un peu plus tard qu'il était interdit à toute famille juive d'occuper plus d'une pièce. Les nazis promulgaient des dizaines de lois impossibles à observer, et toute infraction était punie de mort. Comme tous les juifs, je dus déménager pour habiter dans le ghetto, où les Allemands nous faisaient une guerre totale. Malgré tout, les premiers temps ne furent pas trop durs, et l'horreur commença vraiment lorsque les premiers tris furent organisés. On séparait les petits enfants de leur mère qu'on envoyait à Treblinka. Les gens ignoraient qu'ils allaient mourir, ils croyaient qu'ils partaient travailler, et moi aussi, je le croyais.
- De quoi viviez-vous?
- Je me produisais en solo dans les cafés du ghetto. Savez-vous qu'il y avait beaucoup de bons musiciens et un orchestre de chambre dans le ghetto ? J'ai fondé un duo piano-violon. Nous jouions chaque soir quatre pièces de musique légère que je composais à cette fin. C'est drôle, un grand nombre des chansons que j'ai écrites dans cette sîfliation tragique pour assurer ma survie au jour le jour sont devenues des succès, après la guerre, en Pologne, aux EtatsUnis et même en Russie. Elles ont d'ailleurs été enregistrées sur les premiers disques microsillons, et j'en ai toute une collection.
&laqno;Je n'avais plus d'instrument pour travailler personnellement, car mes parents, n'ayant pas réussi à trouver un emploi, avaient dû tout vendre, même notre très beau piano, et je travaillais pour eux. La tragédie est arrivée le 22 juillet 1942 à midi, quand le ghetto a été scindé en deux parties : le&laqno; petit ghetto &laqno;relié au &laqno; grand ghetto &laqno; par un pont au-dessus de la ville &laqno;aryenne &laqno;. Des familles ont été séparées: nous n'avions pas le droit de franchir ce pont.
&laqno;Quand mes parents, mon frère et ma soeur ont été sélectionnés en 1942, j'ai voulu partir
ayec eux, mais les policiers juifs, qui me connaissaient comme musicien, m'en ont physique- ment empêché.
&laqno;Le ghetto était fermé depuis 1940, et soudain, l'épidémie de typhus s'est déclarée. Les Allemands, qui avaient très peur d'être contaminés, nous ont laissés souffler quelque temps.-
Fiait-il possible de s 'enfuir du ghetto?
- C'était difficile, mais possible. Quoi qu'il en soit, s'évader ne suffisait pas, il fallait encore trouver une cachette, ce qui était très périlleux. En effet, tout Polonais qui recueillait un juif était passible, avec sa famille, de la peine de mort.
,, Après le départ de mes parents, je n'avais plus d'endroit où habiter, car notre chambre avait été attribuée à d'autres, j'étais également sans travail, ce qui signifiait la mort, car les ridicules rations alimentaires n'étaient distribuées qu'à ceux qui avaient un emploi. Je me suis rendu à l'administration juive du ghetto, et les fonctionnaires m'ont conseillé d'essayer de jouer pour les SS qui aimaient la musique. J'ai refusé, et j'ai finalement trouvé du travail dans un commando qui construisait un immeuble à huit kilomètres des murs. Je savais que nous serions liquidés lorsque la maison serait achevée, et je décidai de m'enfuir. Il faut vous dire que même ceux qui étaient arrivés riches dans le ghetto étaient rapidement devenus pauvres en essayant d'acheter la vie de leurs proches. Ils allaient maintenant dans les rues comme des clochards, la peau sur les os.
- Où avez-vous trouvé refuge?
- J'ai alerté des amis polonais qui m'ont prêté un appartement vide, sans me demander d'argent, puis Witold Lutoslawski a donné un concert avec un violoniste pour m'en offrir le cachet. Pas moins de vingt personnes, dont certaines m'étaient tout à fait inconnues, se sont unies pour me sauver la vie. Mais ces Polonais généreux étaient une exception, car la plupart proposait aux juifs de les cacher contre de l'argent, et les dénonçaient s'ils n'en avaient pas. Pour être tout à fait objectif, je dois rappeler qu'a existé ici une société secrète nommée &laqno;Jegota &laqno; qui a sauvé environ vingt mille juifs. C'est pourquoi Claude Lanzmann aurait dû, à mon avis, dans son film Shaa, dont de larges extraits ont été diffusés ici par la télévision, donner également la parole à cette minorité de Polonais qui ont risqué leur vie pour nous venir en aide. Bien entendu, les Polonais méchants, cruels, qu'il montre, étaient légion. Les Polo- nais sont capables de lutter dans les situations tragiques, mais s'accommodent mal des périodes de paix.
- Etes-vous resté caché jusqu la fin de la guerre au même endroit?
- Non, le n'ai pas cessé de bouger. J'ai logé dans l'atelier d'un peintre, puis un ami chef d'orchestre m'a prêté Sa garçonnière. Je me suis ensuite établi dans une chambre dont je ne suis pas sorti pendant quatre mois. En juin, la concierge a soudain remarqué que le locataire était parti, mais que quelqu'un vivait à sa place. Elle est venue frapper, et le suis resté.un moment interminable sans bouger. Cet endroit était devenu trop dangereux, et l'ai décidé de le quitter. J'ai enfilé mon manteau en loques (car je m'en étais servi pour transporter des pommes de terre) et je me suis retrouvé sans papiers, comme un fantôme, dans la rue, au grand air. J'ai bien dû mettre deux heures pour atteindre le domicile d'un ami ingénieur à la radio, qui se trouvait à deux minutes de là. C'est la mère de mon ami, une femme de 70 ans, qui m'a ouvert. Elle a reculé, épouvantée: elle croyait voir un mort. Je lui ai dit de ne pas avoir peur, et d'appeler son fils. Elle m'a fait entrer, et m'a demandé de jouer l'hymne polonais et l'hymne américain. Elle m'a offert un verre de vodka, puis son fils m'a hébergé dans un appartement vide pendant dix jours. J'ai encore changé de cachette pour finalement aboutir dans une chambre où personne ne pouvait soupçonner ma présence, car la porte était fermée de l'extérieur. On m'apportait à manger de temps en temps.
" Puis les juifs se sont soulevés avec quelques vieux fusils qu'ils avaient eu beaucoup de mal à obtenir de la résistance polonaise, qui les méprisait. Ils ont combattu six semaines avant d'être anéantis. Le ghetto a été rasé. Ensuite, ville chrétienne s'est soulevée à son tour,
l'insurrection a été écrasée, et les SS, après avoir évacué les survivants vers les camps de concentration, ont brûlé toutes les maisons qui étaient encore debout.
&laqno; C'était le mois d'août, tout était désormais silencieux. J'étais seul dans la ville détruite et vidée de sa population, mais je l'ignorais. Et, une nuit, j'ai fait un rêve dans lequel je voyais ma mère et ma soeur, vêtues de noir, jouer une musique funèbre. Ce présage me décida à partir. Je pensais que Si je restais une heure de plus, les 55 ou les hommes du général Vlassov allaient me tuer. le suis monté sur le toit de la maison, où j'étais persuadé qu'ils n'iraient pas, car ils cherchaient de l'or dans les caves des immeubles incendiés. L'hôpital tout proche, occupé par les nazis, avait huit étages, et ma maison &laqno;, quatre. Aussi les soldats m'ont-ils remarqué, et comme ils étaient bêtes, ils ont crié &laqno; Halt! », ce qui m'a permis de fuir dans les ruines d'un petit immeuble calciné, puis dans un autre qui tenait encore debout. J'ignorais cependant que des commandos allemands s'y étaient installés, car cet édifice avait la particularité de posséder deux issues, l'une donnant sur une avenue, et l'autre sur une ruelle. J'ai réussi à me réfugier au grenier, mais au bout de trois jours, je n'avais plus rien à boire ni à manger. Je suis descendu à l'étage inférieur pour fouiller les placards. Soudain, j'ai entendu dans mon dos: &laqno; Haut les mains ! » C'était un officier allemand. Je me suis retourné en pensant que je vivais mes derniers instants, mais il m'a dit: &laqno; N'ayez pas peur.&laqno;
"J'étais épouvantable à regarder. Je portais des haillons et je ne m'étais pas lavé ni rasé depuis quatre mois. Alors l'ai tenté de lui mentir en lui racontant que cette maison était la
mienne avant la guerre, et il m'a répondu que je ne pouvais pas rester ici. &laqno; Quelle est votre profession? a-t-il ajouté. - Pianiste et compositeur. - Alors présentez-vous à la Feldgendarmerie. - Ce n'est pas possible. - Vous êtes juif? - Oui. - Suivez-moi.&laqno;
&laqno; Nous sommes descendus dans l'appartement qu'il occupait au dessous, et je suis entré dans une vaste pièce dont les vitres avaient été brisées, et au milieu de laquelle trônait un piano à queue. &laqno; Asseyez-vous et jouez-moi quelque chose. &laqno; N'ayant pas posé mes mains sur un clavier depuis plus de deux ans, l'ai renoncé aux Valses viennoises qui ravissaient les Allemands et l'ai choisi un Nocturne de Chopin.
&laqno; Il m'a écouté, puis après un moment de silence, il m'a demandé comment j'avais réussi à me cacher, alors que la ville avait été évacuée. Je l'ai conduit au grenier. &laqno; Vous savez, m'a-t-il soudain murmuré, je sais tout ce qui s'est passé. Les Allemands ont commis un immense massacre, et c'est une honte pour l'éternité. Quel malheur d'être né Allemand!&laqno;
&laqno; Il est revenu trois fois me voir avec des vête ments et de la nourriture. &laqno; Rassurez-vous, tenez bon, nous avons perdu la guerre, dans trois semaines nous ne serons sans doute plus là. &laqno; Je lui ai dit que Si je survivais, et qu'il avait besoin de moi après la guerre, il pourrait venir me voir à la radio. Je ne lui ai donné que mon prénom, et je n'ai pas voulu connaître le sien, car le redoutais de parler Si j'étais pris et torturé.
- La guerre a effectivement pris fin.
- Oui, mais le ne le savais pas, et je suis resté dans mon grenier. Décembre est venu, le thermomètre est descendu à moins vingt-cinq. Je n avais plus rien à boire, car l'eau était gelée
dans les gouttiêres, et je me suis résigné à sortir. J'ignorais que les Russes avaient enfin traversé la Vistule, et le premier soldat allemand déguisé en civil, m'a regardé d'un air mauvais et m'a pris en chasse. J'ai pensé une fois encore que j'étais perdu, quand un autre soldat a surgi avec un brassard de l'armée Polonaise en brandissant un révolver. Il a crié: &laqno; Haut les mains » J'ai répondu en polonais. C'était la fin. Je me suis retrouvé dans l'appartement qu'occupait mon sauveur allemand trois semaines plus tôt, en train de jouer du piano pour les soldats polonais qui m'ont appris que j'étais le seul civil dans Varsovie détruite. J'ai vécu e(rois semaines en compagnie de ces soldats, et je suis enfin retourné à la radio. On m'a aussitôt installé devant un piano, et j'ai donné un récital Chopin improvisé en direct.
' cier allemand ne s'est pas arrêtée là. Cet homme remarquable n'avait d'ailleurs pas sauvé que moi, mais d'autres juifs et des Polonais pendant toute la guerre.
&laqno;En 1950, j'ai reçu une lettre d'un juif allemand qui me disait ceci: &laqno; Je vous écris de la part de monsieur Hasenfeld que vous avez rencontré pendant la guerre. Il est actuellement détenu dans un camp à Brest-Litvosk. Sa famille a reçu des lettres dans lesquelles il parlait de vous, et demandait dè vous avertir. » Je suis immédiatement allé voir des personnes importantes pour obtenir sa libération, mais ça n'a servi à rien, et il est mort là-bas d'une hémorragie cérébrale.
&laqno;Un jour, son fils, qui était médecin, est à son tour entré en contact avec moi. Il me rend régulièrement visite avec ses enfants. Il y a quelques semaines, il était assis dans cette pièce, à la même place que vous, et il m'a dit:
&laqno;Je viens en Pologne pour voir le lieu où les juifs ont vécu et été exterminés. » Et il a éclaté en sanglots comme un petit enfant. »
Propos recueillis par Myriam Anissimov

LE QUINTETTE
DE VARSOVIE
Bronislaw Gimpel: premier violon.
Né à Lwow dans une famille de musiciens. Son père était chef d'orchestre, et son frère Jakob, pianiste. Il a étudié le violon au conservatoire de Lwow avec le professeur Wolfsthal, et a commencé à jouer en public à l'âge de 8 ans. Il a continué ses études à Vienne avec Robert Pollack, et a commencé à donner des concerts avec l'Orchestre philharmonique de Vienne à 14 ans, tout en étant l'élève de Carl Flesch.
Gimpel, qui jouait sur un Guarnerius ayant appartenu à Paganini, est parti pour les Etats-Unis en 1943 pour échapper aux persécutions nazies. Dès 1945, il a été engagé à New York comme chef et soliste de l'Orchestre de la radio. Il a joué beaucoup de musique de chambre avec les quelques ensembles qu'il avait fondes.
Wladyslaw Szpilman: piano.
Tadeusz Wronski deuxième violon. Siefan Kamasa: alto.
Aleksander Ciechanski: violoncelle.
L'ensemble a effectué de nombreuses tournées aux Etats-Unis et dans le monde entier. Ses musiciens ont joué vingt-quatre ans ensemble.


By Myriam Anissimov
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"Le Monde"-Le Monde de la Musique No 110 France


Le pianiste et le soldat

PAR MONICA PIATKOWSKA
ET MIROSLAW BANASIAK
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Lorsqu’ils se sont rencontrés, la Seconde Guerre mondiale touchait à sa fin. Wilm Hosenfeld, capitaine dans la Wehrmacht, était l’ultime maillon de la chaîne d’entraide ayant permis au pianiste Wladyslaw Szpilman de survivre à l’Holocauste. Bien des années plus tard, des extraits de son journal intime iraient enrichir les mémoires du virtuose. L’ouvrage, qui a connu un succès mondial, est à l’origine du film de Roman Polanski, Le pianiste, palme d’or au Festival de Cannes 2002, sorti fin décembre sur les écrans québécois.



Né en 1895, Wilm Hosenfeld connaît une enfance partagée entre quantité de villages du massif allemand de la Rhön, au gré des mutations de son père, instituteur.

Devenu à son tour enseignant, Wilm, jeune homme rêveur et romantique, continue de fréquenter les Oiseaux errants, un groupe de jeunes idéalistes auquel il a adhéré durant ses études. Ils aspirent à un monde différent – sans seigneurs ni princes, où régneraient l’égalité et la fraternité – et à une noble cause qui donnerait un sens à leur vie.

En août 1914, les Oiseaux errants partent pour le front, convaincus que la victoire de l’Allemagne précipitera l’avènement de ce monde dont ils rêvent. Blessé à trois reprises, Wilm combat avec bravoure et revient au pays la tête haute. Mais, à l’instar de beaucoup de ses compatriotes, il est amer, car il considère le traité de Versailles comme une humiliation pour son pays.

Un an après la guerre, lors d’une réunion des Oiseaux errants, il rencontre une jeune fille de 20 ans, Annemarie Krumacher, qui va devenir sa femme. En 1927, le jeune couple s’installe dans le paisible village de Thalau. Ils y vivent heureux, et Annemarie donne le jour à deux garçons et à trois filles.

Quand Hitler remporte les élections de 1933, Wilm juge son programme proche des idéaux égalitaires chers aux Oiseaux errants. Le Führer ne promet-il pas que tout Allemand, si humble que soit son origine pourra faire carrière au sein du Parti national-socialiste? Wilm entre dans les SA, milice du parti nazi, et adhère deux ans plus tard au parti lui-même. Comme beaucoup d’Allemands, Wilm est ravi d’assister à la résurrection de son pays et n’a aucune idée du cataclysme que le IIIe Reich va provoquer…


A l’époque où Wilm Hosenfeld rallie le nazisme, un certain Wladyslaw Szpilman, pianiste polonais de 22 ans, étudie déjà depuis deux ans au conservatoire de musique de Berlin. Tout comme son père, Samuel, premier violon à l’opéra de Katowice, il a un don hors du commun pour la lecture musicale: il lui suffit de lire une seule fois une partition pour la jouer à la perfection. Wladyslaw peut aussi improviser ou adapter des œuvres entières dans différentes tonalités.

«Ce sera un nouveau Rubinstein, un nouvel Horowitz», chuchotent ses parents.

En 1927, le jeune prodige, âgé de 16 ans, est reçu à l’école de musique Frédéric Chopin, à Varsovie.

Son père admire la culture musicale allemande. «Ils ont 300 opéras, alors qu’on n’en a que trois en Pologne!» répète-t-il à Wladyslaw. Mais son discours change lorsque Hitler arrive au pouvoir et se met à persécuter les juifs. Plus question pour le jeune pianiste de rester en Allemagne. Wladyslaw regagne Varsovie, où il compose des chansons qu’il soumet à divers directeurs de music-hall. La chance lui sourit, et il est engagé à la radio. Bientôt, c’est lui qui envoie de l’argent à la maison familiale de Sosonowiec.

Wladyslaw finit par acheter un appartement de trois pièces rue Sliska où il fait venir tous les siens. C’est une époque heureuse pour les Szpilman.

La guerre éclate le 1er septembre 1939. Le 23, pendant que Wladyslaw joue du Chopin dans un studio de la radio polonaise, une nuée de bombardiers allemands vole vers Varsovie. Une heure plus tard, ils larguent leurs bombes sur la centrale électrique de la capitale. La radio cesse d’émettre.


A la fin août 1939, Wilm Hosenfeld est une fois encore mobilisé. Comme il a maintenant 44 ans, il est affecté à l’arrière-garde et ne prend aucune part à l’invasion de la Pologne.

En octobre, on lui confie le commandement d’un camp de prisonniers de guerre, à Pabianice. Un jour, une femme l’accoste. Elle parle allemand:

«S’il vous plaît… monsieur… Mon mari est prisonnier dans ce camp.

Je suis enceinte, et sa mère agonise à Szamotuly. C’est la fin, et elle voudrait bien revoir son fils avant de mourir. Si vous pouviez le faire sortir… S’il vous plaît…»

Cette femme, qui s’appelle Zofia Cieciorowa, a inventé cette histoire de toutes pièces: elle n’est pas enceinte, et sa belle-mère n’est nullement à l’article de la mort.

Mais Hosenfeld se laisse convaincre. Il la fait entrer dans son bureau et lui promet son aide.

Trois jours plus tard, l’adjudant-chef Stanislaw Cieciora est libéré et renvoyé dans ses foyers. Sa femme et lui se demandent comment remercier l’officier allemand. Ils l’invitent chez eux et lui avouent la vérité. Par la suite, ils vont se revoir souvent.

Wilm Hosenfeld est muté peu après à Wegrow, pour y commander une unité de surveillance ferroviaire.

Par un jour de l’hiver 1940, il voit des SS abattre un petit garçon surpris à chaparder du foin. Cet événement le marque profondément.

«Tout mon enthousiasme s’est volatilisé, écrit-il à sa femme. Quand je vois comment nous nous comportons en Pologne, j’ai honte d’être un soldat allemand.»

Il se met à tenir un journal de guerre, qu’il envoie chapitre après chapitre à Annemarie.


«Nous sommes tous morts maintenant.»
Les allemands ont parqué les juifs dans le ghetto de Varsovie. Comme la rue Sliska en fait partie, les Szpilman n’ont pas à déménager, à la différence de tant d’autres. Mais ils doivent vendre tous leurs biens pour subsister. Fin 1940, le piano est le dernier objet à disparaître.

Wladyslaw joue dans des cabarets. Le peu qu’il y gagne préserve sa famille de la mendicité. Les Szpilman entendent dire qu’on liquide les ghettos des petites villes. Samuel les rassure : «A Varsovie, nous sommes près d’un demi-million. Ils ne peuvent pas faire ça chez nous.»

Mais le 16 août 1942, leur famille et des milliers d’autres sont conduites sur l’Umschlagplatz, d’où partent les convois à destination des camps de la mort. Ils y attendent des heures en pleine chaleur, sans savoir ce qu’il adviendra d’eux. Pressés par la faim, ils achètent pour une somme astronomique une confiserie qu’ils divisent en six morceaux. C’est le dernier repas qu’ils partagent.

Des gardes finissent par entasser la foule dans des wagons empestant le chlore. Soudain, Wladyslaw entend quelqu’un s’écrier:

«Regarde, c’est Szpilman!»

Un policier l’agrippe par le col et lui fait quitter la file. Sans doute l’a-t-il entendu jouer dans des cabarets.

Sous les yeux de Wladyslaw, son frère et une de ses sœurs aident leur mère à monter dans le wagon. Son père se retourne et le cherche du regard.

«Papa!» s’écrie Wladyslaw en se mettant à pleurer.

Il se débat pour les rejoindre, mais on le repousse.

«Mais qu’est-ce qui te prend ? dit sèchement l’un des gardes. Tu ferais mieux de sauver ta propre vie!»

Wladyslaw comprend soudain ce qui attend tous ces malheureux entassés dans les wagons. Il s’enfuit à toutes jambes. Deux ou trois nuits plus tard, il rêve que son frère se penche vers lui et dit: «Nous sommes tous morts maintenant.»

En février 1943, deux mois avant l’insurrection du ghetto de Varsovie, des amis et collègues de la radio polonaise réussissent à faire passer Wladyslaw dans le quartier aryen, où il doit bien des fois changer d’adresse pour éviter de se faire prendre.

Un technicien de la radio est chargé de veiller sur lui. Mais, quand vient l’été, il cesse brusquement de lui apporter à manger. Enfermé dans sa cachette de la rue Pulawska, Wladyslaw manque mourir de faim.

Il est dans une situation désespérée lorsque ses amis découvrent, des semaines plus tard, la disparition du «gardien» qu’ils ont payé à prix d’or.

On lui trouve une nouvelle tanière avenue Niepodleglosci. Reclus dans un appartement cadenassé de l’extérieur, Wladyslaw survit jusqu’à l’insurrection de Varsovie, le 1er août 1944.

Soixante-trois jours durant, il entend de sa cachette le fracas des combats, suivis par l’évacuation de la population sous la poussée des Allemands. De sa fenêtre, il voit les soldats incendier son immeuble.

Plutôt que d’être brûlé vif ou abattu dans la rue, le pianiste préfère se suicider: il avale 30 comprimés de somnifère et attend la mort.

«Je viens vous rejoindre», dit-il à sa famille.


Deux ans auparavant, Wilm Hosenfeld – désormais soldat malgré lui – a été nommé capitaine dans la garnison de Varsovie. Il s’y occupe des installations sportives et organise des séances d’entraînement ou des compétitions entre militaires: athlétisme, natation, sports d’équipe, équitation…

La formation continue des soldats étant aussi de son ressort, il met sur pied des cours de polonais. Le professeur est le père Antoni Cieciora, beau-frère de Zofia Cieciorowa, à qui il a fait établir des papiers au nom de «Cichocki» et qu’il fait travailler au stade de la Legia de Varsovie.

Lorsque l’Allemagne commence à avoir le dessous, le père Cieciora tente de convaincre le capitaine Hosenfeld.

«Wilm, jetez votre uniforme. Vous avez perdu la guerre. Nous vous aiderons à vous cacher.

—Je sais que Dieu a maudit les Allemands, réplique l’officier, mais je ne peux pas abandonner mes hommes.»


«Il vous faudra tenir.»
Après avoir avalé ses comprimés, Wladyslaw Szpilman reste longtemps dans le coma. Mais l’incendie de son immeuble s’éteint de lui-même avant d’atteindre sa cachette. Il finit par s’éveiller, hébété et incrédule, et entreprend d’explorer les environs. Varsovie, qui a compté 1 310 000 habitants avant la guerre, est vide désormais. Il y est aussi seul que Robinson Crusoé sur son île. Wladyslaw entreprend de furtives expéditions dans les cuisines abandonnées afin d’y dénicher de quoi manger, tout en prenant bien garde aux soldats allemands.

Hirsute, sale et horriblement émacié, il se retrouve un jour à fureter dans un appartement dévasté de l’avenue Niepodleglosci. Occupé à soulever des couvercles et à ouvrir des sacs que les habitants n’ont pas réussi à emporter, il n’entend pas le bruit des pas.

Une question en allemand le fait sursauter:

«Qu’est-ce que vous cherchez là? Vous ne savez donc pas que l’état-major de la défense de Varsovie va s’installer ici?»

Wladyslaw est si exténué qu’il n’a pas la force de s’enfuir.

«Faites de moi ce que vous voudrez.

—Qui êtes-vous?

—Un pianiste.»

Wilm Hosenfeld montre du doigt un piano, dans la pièce voisine.

«Jouez.»

Wladyslaw commence le Nocturne en do dièse mineur de Chopin.

«Je vais vous faire sortir de la ville et vous conduire dans un village, propose Wilm Hosenfeld. Vous y serez en sécurité.

—Mais… je ne peux pas partir d’ici.»

L’Allemand devine.

«Vous êtes juif?»

Wladyslaw lui montre sa cachette. Au cours du mois suivant, Wilm revient plusieurs fois. Il lui apporte du pain et un manteau.

Un jour, le pianiste lui demande où se trouvent les troupes soviétiques.

«A Praga, le quartier de Varsovie situé sur la rive est de la Vistule. Il vous faudra tenir. Il n’y en a plus que pour quelques semaines.»

D’après l’officier, la guerre ne se prolongera pas au-delà du printemps.

Il revient pour la dernière fois le 12 décembre 1944, avec du pain et une couverture.

«Mon unité quitte Varsovie. Les Russes seront là d’un instant à l’autre», dit-il avant de lui faire ses adieux.

Le 17 janvier 1945, Wilm Hosenfeld est capturé par l’Armée rouge.


Après la guerre
La paix revenue, Wladyslaw retrouve son travail à la radio polonaise. Pour sa première émission en direct, il joue du Chopin. Déterminé à laisser une trace de son aventure, il en commence le récit, prenant lui-même la plume ou dictant certains chapitres. Grâce à son excellente mémoire, il se souvient de son emploi du temps, des noms de tous ceux qu’il a côtoyés, des rues où il a vécu, etc. Un ami soumet son manuscrit à Jerzy Waldorff, célèbre critique musical polonais. Celui-ci le met en forme et le fait publier en 1946 sous le titre Mort de la ville.

A la fin des années 40, Wladyslaw rencontre Halina Grzecznarowska, étudiante en médecine. Ils se marient et ont deux fils: Krzysztof et Andrzej. Wladyslaw y pense comme à sa «nouvelle famille», par opposition à «l’ancienne», disparue à jamais.


On n’entend plus parler de Wilm Hosenfeld jusqu’en juin 1946. Par l’intermédiaire d’un prisonnier libéré, Annemarie reçoit alors un message qu’il lui a écrit d’un camp de détention de Minsk, où il creuse des fossés et s’occupe d’une porcherie. L’officier envoie à Annemarie les noms de Polonais qui lui paraissent susceptibles de l’aider. «Contacte Cieciora. C’est le plus important. Il peut aussi retrouver d’autres juifs que j’ai aidés», écrit-il.

Annemarie retrouve rapidement le père Cieciora, qui adresse au commandant du camp de Minsk une lettre confirmant que Hosenfeld a bel et bien sauvé des Polonais et des juifs pendant la guerre. Mais le prisonnier n’est pas libéré pour autant.

En juillet 1947, Hosenfeld est victime d’un accident vasculaire cérébral. Partiellement rétabli, il est jugé deux ans plus tard pour crimes contre la population civile, puis condamné à mort en mai 1950. La sentence est par la suite commuée en une peine de 25 ans de travaux forcés.


Il préfère parler de Bach
Szpilman n’apprend le triste sort de Hosenfeld qu’en 1950, grâce à une lettre de Leon Warm, autre juif caché par l’ancien officier. «Hosenfeld se trouve dans un camp de prisonniers allemands de Minsk», écrit-il.

Wladyslaw demande alors l’aide de Jakub Berman, l’un des principaux dignitaires du régime communiste. Celui-ci le rappelle un peu plus tard :

«S’il était en Pologne, on pourrait le faire sortir. Mais nos camarades soviétiques ne veulent pas le libérer.»

Un an après sa condamnation, Wilm Hosenfeld subit une deuxième attaque et en reste paralysé. Il meurt en captivité en 1952.


En 1957, c’est en Allemagne que Wladyslaw Szpilman donne son premier concert à l’étranger. Il en profite pour rendre une visite impromptue à Annemarie Hosenfeld. Elle lui parle du journal de guerre de son mari et lui donne une photo de lui. Elle mourra deux ans plus tard. Wladyslaw est alors directeur musical de Radio-Varsovie et compose quelque 1300 chansons, dont les plus grands succès de l’époque en Pologne.

Il évoque rarement la guerre. Ses fils ont lu ses mémoires, mais ce n’est pas un sujet de conversation entre eux. Il préfère leur parler de Bach, qu’il vénère, et des 300 opéras que comptait l’Allemagne d’avant-guerre.

«On ne peut détester une nation tout entière», dit-il.

En 1963, il quitte la radio pour fonder le Quintette de Varsovie, qui donnera plus de 2000 concerts, dont beaucoup à l’étranger.


A la fin des années 80, le fils de Wilm Hosenfeld rend visite à WladyslawSzpilman. Helmut Hosenfeld est accompagné de sa femme et de ses enfants. La rencontre est chaleureuse. Le deuxième fils de Wladyslaw a également des contacts avec la famille Hosenfeld. Andrzej Szpilman, par ailleurs passionné de musique et de littérature, fait des études de médecine dentaire et s’installe à Hambourg, où il travaille à l’université avant d’ouvrir un cabinet.

Un beau jour de 1993, Andrzej voit entrer dans son bureau Wolf Biermann, ancien dissident est-allemand, auteur de chansons et l’un des plus célèbres poètes d’Allemagne. Ils se lient aussitôt d’amitié.

Andrzej parle à Wolf des mémoires de Wladyslaw.

«Il faut éditer ça», dit celui-ci, dont le père est mort à Auschwitz.

Retravaillés, enrichis d’extraits du journal de Wilm Hosenfeld et traduits par Karin Wolff, les mémoires paraissent en 1998 en Allemagne. Biermann en a écrit l’épilogue. L’ouvrage connaît un succès international immédiat. A ce jour, il a été traduit en 14 langues (en français, sous le titre Le pianiste, chez Robert Laffont).

Roman Polanski, qui en a tiré un film, a rendu visite à Wladyslaw Szpilman au cours de l’automne 1999. Malgré ses 88 ans et une santé fragile, le pianiste s’est retrouvé soudain sous les feux des médias.

«Les journalistes viennent constamment me voir, déclarait-il en 2000. Leurs questions concernent le livre ou Hosenfeld. Mais je ne pense pas à Wilm Hosenfeld. Quand je me réveille le matin, je me souviens de l’Umschlag-platz au mois d’août, là où j’ai vu les miens pour la dernière fois. Je pense à eux… Où sont-ils à présent? Comment sont-ils morts? Comment ont-ils vécu leurs derniers instants?»

Wladyslaw Szpilman est décédé le 6 juillet 2000, à l’âge de 89 ans.

CONDENSÉ DE GAZETA WYBORCZA (8 JUILLET 2000), © 2000 AGORA SA, VARSOVIE, POLOGNE


© Andrzej Szpilman 2010